lundi 31 décembre 2007

De la polytechnicitée


Candide bricole. Candide bricole beaucoup, c’est sa seconde nature. C’est un polytechnicien, il sait presque tout faire. Et ce qu’il ne sait pas faire, c’est tout simplement qu’il n’a jamais eu l’occasion de le faire. La nuit, il s’endort en construisant des plans. Des plans de châteaux en Espagne mais aussi des plans de meubles, de tuyauterie, de circuits électriques, de dallages, de toitures, d’escalier, de cloisons, de clôtures, et tant d’autres choses encore. Le jour, quand est venue la maturation, il fait. Son atelier est une caverne de récupération. Tant de bouts de ficelle peuvent servir à tant de choses. D’ailleurs ses voisins ne s’y trompent pas. Un outil ? Ils viennent voir Candide. Un boulon perdu ? Candide l’a forcément quelque part. S’il le trouve, car Candide se satisfait sans mal du désordre qui règne en son domaine et qui le rend hermétique à tout autre que lui.

Candide broutille. Il broutille des sujets de réflexion et d’action comme d’autres grignotent des sucreries. Avec gourmandise. Avec une avide curiosité. Ce soir, Candide partage sa veillée avec quelques amis. L’un d’eux est venu avec un jeune polytechnicien de 20 ans. Fascinant d’aisance intellectuelle et heureusement pourvu d’humbles interrogations sur le sens de la vie. De la sienne, des autres. Sur le nécessaire refus de se laisser porter par la facilité de son parcours d’élite. Sur les engagements à oser prendre. Mais où ? Dans quel parti ? Tant ceux-ci sont pauvres de réflexion ! Dans quel think tank ? Tant ceux–ci sont déconnectés de la vie réelle de la majorité des gens... On s’interroge ensemble. On s’imprègne. On franchit la nouvelle année porté par notre allant vers un monde meilleur. Plus juste, plus fraternel, plus généreux.
"C'est une année pleine d'enthousiasme qui commence" songe, heureux, Candide.

dimanche 30 décembre 2007

Des électeurs


Combien d'habitants dans la commune de Candide ? Beaucoup ! Mais il faut toujours relativiser.
Imaginez qu'il invite une centaine d'entre eux à déguster des petits fours, histoire de parfaire sa campagne. Il découvrira vite qu'ils ne sont plus que 45 à être inscrits sur la liste électorale ! Ensuite il apprendra qu'ils ne seront au mieux que 27 à se déplacer pour voter. Dont 1 nul...
La-dessus il sait bien que, grosso-modo et quoiqu'il advienne, 16 d'entre eux voteront pour la liste d'union de son camp au second tour. Succès assuré ? Que nenni. Pour lui, c'est le premier tour qui est essentiel, il lui faut donc 3 électeurs au minimum pour exister au second tour. Et six pour en être juste vainqueur. Et franchement, il serait présomptueux d'en escompter 7 !
Candide était parti pour faire un discours du haut de la tribune et il prend conscience qu'en fait, sur cent personnes présentes, il n'y a que trois personnes, quatre maxi, à convaincre dans son assistance ! Et il n sait même pas lesquelles !
Allez vous étonner ensuite de voir avec quelle attention les candidats sourient à chacun et s'efforcent de ne froisser personne. Cent amabilités lancées à la volée et juste trois ou quatre susceptibles de faire pertinemment mouche !

samedi 29 décembre 2007

D'une autre commune


Candide est venu passer le nouvel an dans la commune de son enfance. Cinq cent habitants. Un enjeu municipal d’une autre nature.
Ici, nul ne se bat pour devenir maire. Le maire, c’est beaucoup de boulot, une indemnité de RMIste, l’exutoire de tous les mécontentements, les affres de l’administration et avec pour seul soutien une secrétaire cacochyme à mi-temps. Merci bien ! Non, l’enjeu, ici, c’est d’être au conseil municipal. Juste pour surveiller le maire ! Et pour y parvenir, le calcul est simple, il suffit de se présenter sur la liste d’union du plus grand nombre. Les convictions politiques, les partis importent peu. A peine sont-ils des viatiques pour plus tard, pour avoir des contacts au département, à la région. Non, là ce qui est important, c’est d’être né ici. Pas à coté, non : là. Dans la commune. Et puis d’être bien vu. Mais grande gueule tout de même. Etre chasseur, pécheur ou amoureux du terroir, fut-il imbibé de nitrate n’est pas une condition obligée, mais ne pas en être le pourfendeur est incontournable.

"Quant au maire, un retraité des postes ou de l’éducation nationale fera toujours merveilleusement l’affaire" convient Candide.

vendredi 28 décembre 2007

L'Annette


Candide l’aime bien l’Annette. Bon, elle l’a indisposé pas mal au début, c’est vrai ! Ils avaient été sur la même liste aux dernières municipales, celle de Désiré. Alors, elle s’était crue autorisée à l’associer autoritairement à toutes ses prises de paroles vitupérantes au conseil de la Caisse des écoles. Elle, elle s’y retrouvait là comme élue, « partenaire » de la majorité », soucieuse d’affirmer son programme bio à marche forcée. Lui, il y était de longue date, comme parent d’élèves. Vigilant mais consensuel. Le couteau entre les dents, fusse pour couper des tranches de pain bio, ce n’était plus trop son truc. Candide s’en est donc éloigné sur la pointe des pieds. Il en reste que ce n’en fut pas moins une vraie militante, entière, honnête, sans autre calcul que de faire avancer la commune sur le respect du contrat de mandature. Il l’attendait, promus plus encore sur la nouvelle liste du Désiré. Surprise, elle s’en retire. Faut dire que leur situation actuelle augure mal de résultats réjouissant et donc de places éligibles. Résultat provisoire, l’Annette prend publiquement position pour une liste d’union dès le premier tour : Martial-Francine-Désiré.
« Si on résume bien, et nonobstant ce qui peut encore arriver, les trois premières listes de 2001 ont toutes leurs groupes dissidents pour 2008 » constate Candide !

jeudi 27 décembre 2007

Du sport


De sa discussion avec Natacha, Candide a recueilli un conseil amusant. « Quel dossier prendre en charge si je suis élu ? » questionne t-il. En effet, entre les appétits féroces des uns et les sournoiseries des autres, mieux vaut préalablement identifié toutes les chausse-trappes possibles. Et l’ambition de Candide est suffisamment modeste pour laisser au plus avides les parts jugées par eux les plus belles.
« Le sport ! » lui dit Natacha sans hésiter et après avoir décrit les affres de toutes les autres fonctions. « Le sport ? » s’éberlue Candide... Natacha explique. Adjoint au sport offre de multiples avantages. Le premier, et non de moindres, les gens que l’on y rencontre y sont en majorité plus enjoués et moins agressifs que dans tout autres domaines. Ensuite, c’est une fonction qui ne comprend guère de dossiers transversaux avec les autres adjoints, donc moins de risque de conflits de territoires. Enfin, c’est une activité de loisirs donc à des horaires beaucoup plus compatible avec la vie professionnelle et même partageable en famille.
« Le sport... » se murmure Candide comme pour mieux en appréhender la perspective « Après tout c’est vrai que je fais du vélo tous les jours ! ».

mercredi 26 décembre 2007

Du déjeuner avec Natacha


Candide déjeune avec Natacha. Ambiance complot : elle a décidé de le soutenir et ainsi, subséquemment, soutenir Martial. Elle va donc activer tous ses réseaux locaux en ce sens. Mais le maintien de ses fonctions au Conseil régional l’oblige à une totale discrétion. Elle profite de l’occasion pour évoquer à Martial tous les dessous des tractations départementales. Elle lui apporte en prime d’anciens échos de presse mettant en cause Francine sur l’intégrité de sa gestion lors de son passage dans une association d’aide à la réinsertion. Déficit d’une part, voiture de fonction et autres avantages conservés bien au-delà du contrat de travail, etc. Contrat de travail limite fictif d’ailleurs, tant son implication fut jugée « modeste ». Non-lieu. Candide se doute bien que la barque soit chargée. Et qu’il est aisé de faire feu de tout bois pour porter l’anathème.
« Et pourtant, il y a forcement un peu de vrai dans tout cela » soupire Candide !

mardi 25 décembre 2007

D'un coté les assis...


En ce jour de Noël, Candide retient de sa lecture les pensées suivantes :
"D'un coté les assis ; les satisfaits ; les surs d'eux et de leur place; ceux qui ne doutent de rien et surtout pas leur légitimité à être ce qu'ils sont ; ceux qui, par conséquent, ne sont que très rarement effleurés par l'idée qu'ils puissent être coupables de quoi que ce soit - alors à plus forte raison d'un crime commis par quelqu'un d'autre : très exactement ce que Jean Paul Sartre appelait les salauds.
De l'autre ceux qui, se souvenant de Primo Levi et de sa "honte d'être un homme", pensent qu'il y a une certaine dose de honte ou, en tout cas, d'humilité, sans quoi la condition humaine perdrait de sa dignité. Je ne peux pas, estiment ceux-là, ne pas ressentir une forme de mainmise à être cet homme-ci, ou celui-là, car je n'ai pu l'être qu'au détriment de ce troisième - sans doute n'ais-je rien fait; peut-être ne suis-je coupable de rien ; je suis méritant, vertueux, généreux, soucieux de mon prochain, bon militant, bon citoyen ; mais je vis avec la désagréable mais infaillible arrière-pensée que cette place que j'occupe, ces biens dont je jouis et qui font ma prospérité, cet air que je respire, cette démarche qui est la mienne, ces songes, ce sommeil paisible, j'en ai, un peu, privé autrui.
[ BHL dans "Ce grand cadavre à la renverse"]

lundi 24 décembre 2007

Des beaux-parents


Candide fête Noël avec ses beaux-parents. De belles vies de citoyens militants ces beaux-parents. Entières, totales, laïques, syndicales, partisanes, républicaines. Ils ont été de tous les combats. Marqués de toutes les blessures. L’enfance sous l’occupation, la guerre en Algérie, les barricades de 68 en province. Ils n’ont jamais compté leurs jours ni leurs nuits. N’ont jamais rien gagné en échange. Ils se sont battus pour que le monde soit un jour un peu meilleur. Pas pour eux. Pour leurs enfants, leurs petits enfants. Et tous les autres. Bien au-delà d’eux-mêmes. Des gens comme ça, il y en a des milliers, des centaines de milliers. Inconnus de tous. Ce sont eux qui font avancer le monde. A petit pas. A petit bras. Mais dans une multitude qui fait l’humanité.
Candide n’a jamais oublié les lectures de ses vingt ans. Dans « Le rôle de l’individu dans l’histoire », Plekhanov lui expliquait combien chacun était à la fois insignifiant pris isolement et déterminant si inclus dans une action collective. Et qu’à défaut de changer seul le monde chacun était libre de participer ou non à ce changement avec d’autres. Insignifiant de la goutte d’eau dont le nombre pourtant fait fleuve. Candide n’est aussi qu’une goutte d’eau.

« Et j’en suis fier »
insiste t-il, « car je suis fier de tous ceux qui m’accompagnent !».

dimanche 23 décembre 2007

Des parents de Candide


Candide a annoncé à sa mère sa déraisonnable décision.
"Mon petit Candide, fais bien attention à toi. J'ai peur qu'un jour tout ce qui fait ta valeur se retourne contre toi !" lui écrit-elle d'une encre sympathique. " J''ai vu et connu tant d'hommes politiques. A peine engagé sur ces chemins ils cessent d'être vrais afin de se protéger, et deviennent tueurs au service d'ambitions qui ne sont que vanité. Toi qui as toujours voulu participer et faire bouger la société, fais attention. Il suffit peut-être d'être vigilant, voire mesuré. Pour changer de gouvernance (de "gobernar" : prendre soin de...) il faut sans doute entrer "dedans". Mais cela a-t-il encore un sens dans un monde dominé par l'AVOIR ? Je suis perplexe. Je t'embrasse tendrement."
Candide pense à son père. Si celui-ci était encore là il lui dirait sûrement : "Comment ? Tu n'es pas tête de liste ? Mais que faisais tu donc depuis tout ce temps ? Va, cours, vole, et ne reviens auprès de moi qu'enrubanné des ors de la république..."
Finalement cela peut former une synthèse bien nuancée !

samedi 22 décembre 2007

Du bitume et de la plage


« Je vais appeler Francine » se convint Candide. Juste lui dire que, voilà, il se présente sur la liste de Martial. Rien de méchant à son égard bien sûr. Juste un choix. « Et puis, après tout, nous serons très probablement au second tour sur la même liste ? » Mais Francine reste sourde au courriel et son téléphone de campagne ne sait faire part que de son indisponibilité !
Candide enquête et apprend que Francine vient de partir en vacances aux Seychelles ! Certes il y fait un peu moins froid que sur les marchés à distribuer des tracts, mais déjà que Francine n’est pas trop connue dans le bourg, si elle arpente les plages à Noël, elle ne va sûrement pas y rencontrer ces futurs électeurs...
Il y a quelques jours, Alain, le SDF qui dormait sur le plan public du coté de la rocade est mort. De froid. De vieillesse. De solitude. Au petit matin. Candide le connaissait sans le connaître. L’aidait d’une pièce, d’un sourire, d’une brève attention. Il lisait. Et sous sa crasse et sa grande barbe blanche, nul doute que coulait un sang égal à tous les autres. Nul n’en a parlé dans la presse. Juste un mot sur ses affaires regroupées en tas avant le passage des éboueurs. Notre président est au Vatican, notre futur maire aux Seychelles et Alain dans la fosse commune. Candide comprend mieux pourquoi, lui, il est candidat.

vendredi 21 décembre 2007

Du financement de campagne


Candide découvre que la démocratie est une fille bien généreuse ! Tout candidat aux municipales bénéficie d’un financement public a posteriori. A deux conditions cependant : obtenir au moins 5 % des suffrages exprimés et attendre environ un an d’être remboursé ! Cette contribution est plafonnée à 50% du plafond des dépenses totales. Lequel plafond est proportionnel au nombre d’habitants. De 1,22 à 0,53 € au premier tour des municipales selon la taille des communes. Le mandataire financier formellement nommé à donc sollicité Candide. Il ne s’est pas fait prier ! Il a signé un chèque généreux pour alléger d’autant ceux qui auraient plus de difficulté. Candide peut le faire. Il le fait. Des prêts sans intérêt, ils en ont tant fait, sa chère et lui ! A des amis, photographe, journaliste, créatif, libraire, entrepreneur social. Remboursés ou pas, ce fut selon ! Alors là, un prêt à quasi lui-même et quasi garanti… En effet le risque de faire moins de 5% est quasi nul.

« De fait, c’est plutôt un quasi-financement »
se dit Candide.

jeudi 20 décembre 2007

Du local de campagne


Ce soir Candide s’est rendu à l’inauguration du local de campagne, rue des Charmilles. « C’est bucolique » se dit-il. Son grand fils l’accompagne. Par gentillesse.
S’y rejoignent ce qui constitue cet étonnant réseau de soutien, populaire, modeste, convivial et chaleureux. Pas d’énarque ici, pas de brillance. Un instant, l’ombre d’une déception plane. Candide, comme chacun, imaginait sans doute faire de la politique avec des gens qui réfléchissent avec grandeur au destin des autres, qui conceptualisent, qui théorisent. Rien de cela, ici. Juste des gens de peu. Des gens de tous les jours. Des gens pour qui une bonne politique, c’est un emploi, un toit, un village où il ferait bon vivre. Et donc un maire. Un bon maire qu’ils connaissent et qui les connaît. Et il les connaît Martial, ces gens là, voisins de tous les jours, habitants de nos rues et maintenant soutiens, soutiers, pour les deux mois qui viennent. Candide se dit qu’il veillera à passer là plus souvent que de besoin, tous les soirs possibles en sorte. C’est sur son chemin de retour. Par respect et par reconnaissance.

"Car ce sont eux, ces gens là, qui vont se battre pour que je sois élu !" admire Candide.

mercredi 19 décembre 2007

Alea Jacta est


Martial a fait sa déclaration de candidature, entouré de son premier cercle, alors que se mettait en place, à l’autre bout de la commune, l’urne du second tour de vote de la liste de Francine. Dépêchée, son ordonnance y a relevé tous les apostats présents, soutiens officiels ou simples quidams. Aucun d’entre ceux-ci qui se présentèrent aux urnes plus tard ne put voter. Les gardiens du temple ayant considéré ces opposants manifestes comme traîtres au parti, donc condamnables et donc bientôt condamnés. Il était alors plus judicieux d’appliquer la sentence avant l’instruction ! Et plus prudent pour le résultat du vote interne.
Cet oukase ne frappa pas Candide. Empêché d’assister à la réunion de Martial il échappait encore à l’index. Il fut accueilli au QG de Francine dans l’indifférence générale et vota en conscience.
Après quoi il s’en fut tranquillement au bureau de Martial où se rencontraient pour la première fois tous les protagonistes de cette nouvelle aventure. Colistiers et comité de soutien, petits fours et champagne, plan de bataille et répartition des rôles, retro planning et géostratégies, gros sous et petites phrases, tout fut rondement présenté.
Candide ressortit de là, gonflé à bloc, fier de ses nouveaux petits camarades, tous contents d’être ici et de faire, outre une campagne conforme à leurs communes idées un bon pied de nez aux « appareils ».

mardi 18 décembre 2007

La Natacha


Candide l’aime bien la Natacha. Ils se connaissent depuis une éternité. Ils ont quelques points en communs depuis vingt ans maintenant. Elle, elle s’est installée dans la commune après lui et, militante déjà bien engagée, a aussitôt rejoint l’équipe municipale. Avant d’y perdre sa délégation. Faut dire que les amours et désamours par ici, c’est plus compliqué que dans Gala... Bref, elle vient enfin de le rappeler. Un mois qu’il tente de la joindre pour qu’elle lui explique ce qui se passe chez eux. Alors, elle lui donne les dernières nouvelles du week-end. La Francine, hagarde, présente la même liste avec juste le Dimitri, apoplectique, qui y revient en deus ex machina. Il a réussi à acheter la deuxième place contre le retrait du veto. Le hic, c’est que ceux qui ont voté « non » ne l’ont pas nécessairement fait pour ses beaux yeux à lui. Du coup, d’aucun s’emploie à réunir encore plus de « non » sur cette liste. Dont elle. Pendant ce temps les injures écrites la semaine dernière par le Dimitri à l’égard de la Francine sont accessibles partout sur le net. Mais officiellement tout le monde appelle à voter « oui » !
Candide ira voter aussi demain.

lundi 17 décembre 2007

De l'art de la nuance


Réception à la Mairie en l’honneur des bénévoles pour les remercier de leur dévouement à la cause publique au cours de cette mandature. Candide renonce à un autre rendez-vous et arrive néanmoins un peu en retard. Qu’importe s’il n’est pas là pour le début du discours. Celui-ci est convenu, habile et on y sent déjà, en test, les futurs slogans de campagne.
Il n’y a pas grand monde d’ailleurs : des aficionados, des connaissances, de futurs soutiens qui déjà font bande. Vient le moment de la collation. Buffet pantagruélique. Le maire liquide ses budgets au profit de ses bonnes œuvres. Candide salut ses connaissances. Martial le prend à part. Sa tête de liste est bouclée, il ne peut l’installer sur une place aussi sûre que promise et lui fait l’inventaire des priorités politico-médiatiques. Candide ne va pas revenir sur sa décision pour ce surcroît d’incertitude qu’il avait largement envisagé. Cela mettra du piment aux 83 jours à venir. Il a déjà calculé que pour que, lui, puisse passer le premier tour, la liste devrait faire au moins 17% et non 15% ! Tenue de combat, donc ! Rendez vous est pris pour mercredi prochain dans le bureau de Martial avec toute la liste. Juste après la conférence de presse et juste avant, le lendemain, l’inauguration du bocal de campagne.
La presse locale demande à Candide des tuyaux. A l’affût, elle subodore un engagement possible de sa part : « On vous a proposé d’être sur une liste n’est ce pas ? Laquelle ? ». On ne prête qu’aux riches : mazette ! Quelle notabilité ! Surtout ne pas décevoir : « Aucune liste n’est encore bouclée et beaucoup pourrait m’accueillir ! » se gausse Candide ! Pour l’instant, il ignore encore tout de ceux qui vont être ses propres compagnons d’arme...

dimanche 16 décembre 2007

Candide candidat ?


Oui, incontestablement, Candide est maintenant décidé. Car s’il est, comme chacun, fort de sa situation sociale, de sa notabilité locale, de sa reconnaissance professionnelle et de son affection familiale il n’en est pas moins mortel. Et, mortel, il se sent toujours enfant. Perdu dans ce monde d’adultes où l’on doit, le plus sérieusement du monde, aligner chaque jour à la suite des autres jours dans le seul but d’arriver au dernier d’entre eux. C’est un drôle de jeu. Mais qu’au moins alors, il puisse conserver, grâce à ses lecteurs, dans un espace virtuel tel que celui-ci, la distance sans lequel tout cela deviendrait ... mortellement ennuyeux. Pour ne pas mourir trop vite. Et poursuivre vaillamment la culture de son jardin.

Et Pangloss disait quelquefois à Candide : "Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles ; car enfin, si vous n'aviez pas été chassé d'un beau château à grands coups de pied dans le derrière pour l'amour de Mlle Cunégonde, si vous n'aviez pas été mis à l'Inquisition, si vous n'aviez pas couru l'Amérique à pied, si vous n'aviez pas donné un bon coup d'épée au baron, si vous n'aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d'Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches."
"Cela est bien dit", répondit Candide, "mais il faut cultiver notre jardin."

samedi 15 décembre 2007

Candide déblogue !


« Bon ! Ben cette historiette risque de devenir une sacré histoire ! » se dit Candide. Comment garder la distanciation nécessaire pour ne pas se prendre trop au sérieux ? Comment ne pas brocarder non plus le sérieux de la chose ? Il s’agit tout de même des municipales 2008 ! Un test national d’après le vainqueur, un enjeu strictement local d’après ses adversaires !
Écrire ! Tenir son petit journal de bord. Sans prise de tête. Sans mettre à mal personne, mais sans jamais se mentir. Prendre à témoin les inconnus du web. Ceux qui passeraient par-là. Où les très rares que Candide puisse mettre dans la confidence.
C’est ainsi que Candide m’a demandé d’écrire son histoire.
Ca a commencé quand déjà son histoire ? Ah oui, le jour de l’appel du maire, c’était le 18 juin, non, pardon le 29 novembre, il y a 2 semaines.
Et ça va finir quand ? Demain, qui sait ? Au grand plus tard le 16 mars 2008. Car si Candide va jusque là et qu’il advient de lui qu’il soit élu, alors là, au-delà, peut-être ne pourra t-il plus demeurer lui-même dans la pureté de son âme ?

vendredi 14 décembre 2007

Réponse au Martial


« Bon ! Ne faudrait pas croire que tout va de soi. Faut que j’assume » se dit Candide. S’il accepte d’en être, il vaut mieux le dire maintenant au Martial. D’autant que Candide se doute bien que si lui, Martial, a pris l’initiative de le contacter, d’autres, et non des moindres, font le pied de grue devant sa porte pour en croquer, de sa petite liste qui pourrait surprendre !In petto Candide lui envoie un courriel pour lui confirmer qu’il s’embarque dans son bateau, quoiqu’il advienne. Euh... mais avec une grosse bouée, rappelle-t-il prudemment : une position éligible, comme convenu... ?
Le Martial lui a répondu derechef : « Suite à ton message, je te remercie pour ton soutien et ta candidature. Reprenons contact début semaine prochaine pour envisager la suite. »Tatannnn ! Candide entend les coups annonciateurs du levé de rideau. Il est serein. Sans trac aucun.

jeudi 13 décembre 2007

D'un vain adoubement


Et voilà enfin la dernière étape de cette tartuferie de démocratie interne : le vote interne pour la liste de la Francine. Une seule liste. Pas de grand risque. Mais encore faut-il que l’on vienne voter, et on sent que la mobilisation est difficile. Et puis une fois là, dans ce local de campagne (*), encore faut-il que l’on vote pour. Et vu que ceux qui ne sont pas sur la liste appellent à voter contre et que certain de ceux qui sont sur la liste appellent aussi à voter contre...

Et qu’enfin, la Francine elle-même, la tête défaite, l’œil las, commente sur place son propre désespoir avant même que ne s’engage la bataille, on sent qu’il va falloir une sacrée dose d’amphétamines pour rebooster tout ça ! Discrètement Candide a voté « contre » puis il écoute gentiment la Francine et convient volontiers qu’elle ne mérite pas ça. Il croise le Dimitri en entrant, la Sabine en sortant. Il leur dit la même chose.
Au bilan, les « contres » l’emportent d’une petite majorité dans une participation d’un quart des militants. Une défaite sans bataille ! Et dont l’exception fait « tache » au plan national.


(*) « Le vote pour la Francine, c’était au local du parti. Le vote, pour sa liste, c’est dans son local de campagne. Glissement formel de légitimité ? » se demande Candide.

mercredi 12 décembre 2007

La Francine


Candide l’aime bien la Francine. Ils ne se connaissent pas beaucoup, mais ils ont des amis communs. Ils s’apprécient ainsi, d’emblée. Par transposition.
Mais les courriels qu’elle lui envoie n’ont rien de personnel. Le dernier vient d’arriver. Après une nuit d’enfer, la liste délicatement tricotée par tous les courants de la section s’effiloche. Le parti a voulu y introduire encore deux êtres remarquables. Des pipoles ! De qualité hein : un vrai handicapé et une réalisatrice, l’un et l’autre de parents d’origine étrangère.

Oh ! Candide n’a pas d’avis négatif hein, il les apprécie plutôt bien et il ne doute pas qu’ils soient aussi (in)compétents que lui pour devenir conseiller municipal. Mais ce truc imposé par le grand Bornard fout le bordel. Pour les mettre en fauteuil éligible on en déplace d’autre sur strapontin. Il paraît que ça a duré toute la nuit et qu’à quatre du matin il y eut rupture. Enfin une. Celle du Dimitri. Et puis pour d’autre, comme la Sabine, « pas rupture » mais « plus adhésion ». Subtil. La Francine en explique le quart sur son courriel, et les autres, en d’autre courriels, d’autres quarts, mais Candide pense qu’il lui en manquera in fine une bonne part pour savoir vraiment de quoi il en retourne !

mardi 11 décembre 2007

Conseiller municipal ?


Candide navigue sur internet. Il y a 36565 communes en France et 520000 conseillers municipaux. Environ. Au fait c’est quoi un conseiller municipal ? Et la différence entre un maire adjoint et un adjoint au maire ? Tiens ! Il y a des indemnités de fonction, au cas où. Pas lourd, néanmoins ! Des droits aux congés pour la campagne aussi ! Sans solde bien sûr. Et si Candide devient conseiller, de quoi va-t-il s’occuper ? La propreté ? Il va avoir tous les mécontents des crottes de chiens ! La voirie ? Tous les trous dans les trottoirs et le déficit de places de stationnement, merci ! La circulation ? C’est surtout une affaire de police. La sécurité ? C’est la gestion des peurs et de tous les ostracismes, quelle horreur ! L’éducation ? Entre les profs et les parents d’élèves, ça va, il a déjà donné ! La petite enfance ? C’est loin de ses soucis maintenant ! L’économie, l’emploi ? « Ah là ! J’dis pas, y a du grain à moudre » pense-t-il ! Versus économie sociale notamment, et puis économie de marché revisitée par la solidarité locale...

De toute façon ce n’est pas encore la question. Il ne sait pas s’il sera vraiment sur cette liste, qui il y aurait avec lui, et surtout qui sera à la fin, et maire, et conseiller ! Perette peut se rhabiller.

lundi 10 décembre 2007

Le René


Candide l’aime bien le René. C’est le conseiller de l’opposition. Un rôle pas facile. Contraint à l’ubiquité. Coller aux basques des trente conseillers de la majorité à lui tout seul. Vu que ses comparses initiaux se sont depuis longtemps désespérés. Le René il est toujours là dans ses réunions. Respect ! Toujours une intervention. Normal : il faut que le public l’identifie. Un mot pour dire qu’il est d’accord avec les habitants, un autre pour dire que le maire ne fait pas ce qu’il faut. Des portes ouvertes enfoncées. Une mauvaise foi toujours assumée quand il le faut. Sans méchanceté. Pro.
Et ne voila t’y pas que son parti lui fait le même coup qu’au maire. La grande Félicie lui souffle la tête de liste au profit du Jean-Clément ! Un parachuté total. Des années d’apostolat en terre hostile pour se faire coiffer au poteau ! Son sang ne fait qu’un tour : il décide de se présenter en dissidence, lui aussi, comme Martial !
Candide le croise samedi dernier au marché. « Bonjour, bonjour ». Compatissant, il lui assure que même s’il ne vote pas pour lui il fera, au sein de son camp, campagne pour lui. Avec un slogan tel que :

« Votez Martial, votez René, mais votez local ! »

dimanche 9 décembre 2007

Du soutien familial...


Candide informe sa chère et tendre Hina de la teneur de cet entretien. Avec un maximum de neutralité. Silence aimable. Ouf ! Pas de blocage. Pour lui faire partager son propre questionnement, Candide s’interroge lui-même de vive voix « Pourquoi pas ? ». Il lui fait partager son désir, son faux embarras, sa réflexion déjà en cours. Toujours pas de blocage. Candide n’insiste surtout pas. Il tient à accepter cela comme un blanc seing. « Ne pas trop en demander tout de même » se dit-il. La dernière fois qu’une telle hypothèse fut évoquée entre eux c’était avec le divorce en corollaire...

Puis Candide tente de créer à ce sujet une complicité avec ses enfants. Il les interpelle isolement pour faire du sur-mesure. Le cadet, Gaspard, l’envoie balader en lui rappelant qu’il ne vote pas encore cette année et que « bof, les élections... ». « Oui mais là ce serait moi ! », plaide Candide ! « Oui, ben si ça te fait plaisir ». Hum ! Il espère mieux de l’aîné, Siffrein : « Hein, quoi ? Sur la liste du Raminagrobis ? Alors là, vraiment, ... ». Bon. Il explique la situation, le contexte, sa maturation. La conclusion vient vite « De toute façon, ce qui est étonnant, c’est que tu es tant attendu pour faire ça ! ».

Candide en conclut qu’il n’y a pas de veto. Pour ce qui est du soutien...

samedi 8 décembre 2007

En être ou pas ?

Incontestablement il y a d’abord du plaisir à être sollicité ! N’est ce pas là une marque de reconnaissance du travail accompli ? De sa qualité ? Candide a senti gonflé en lui une douce bouffée d’orgueil. Une satisfaction. Bien sûr : il faut aller au-delà. Bien sûr : il ne faut pas être dupe ni de soi ni des autres. Bien sur : il y a derrière tout cela beaucoup plus de calculs intéressés que de gratifications généreuses... Cela n’interdit pas Candide de jouir de ce plaisir puéril quelques instants. Puis vient très vite le temps de la réflexion posée. Avec deux colonnes de réflexion : celle des plus et celle des moins. Y aller ou pas ? Coté plus : l’action, l’engagement, la mise en œuvre, la responsabilité, la cohérence avec tout ce qui a été entrepris depuis tant d’années, un peu d’accomplissement donc, avec un nouveau défi au-delà. Coté moins : le corollaire de tout ça, les frustrations de ne pas pouvoir faire plus qu’on ne l’imaginait, l’exposition aux coups, les critiques méchantes injustes, pire : les justes critiques même pas méchantes. Pire encore : réussissant, se prendre au jeu du pouvoir.

vendredi 7 décembre 2007

Du rendez vous


Rencontre au petit matin en son bureau encore désert. Convivial et camarade, son maire. Candide de même. On se donne du Martial par-ci, du Candide par-là. Martial développe les motivations de sa décision de se présenter, sa recherche de consensus, son souci de poursuivre ce qui a déjà été entrepris, son souhait de s’appuyer sur une équipe légitimée par ses compétences et ses réalisations, et enfin d’ouvrir sa liste à des personnalités locales d’envergure...
Candide l’assure de son intérêt pour sa démarche. Il l’informe et argumente son choix de ne pas avoir voté pour lui lors de sa dissidence aux législatives de juin et, a contrario, pourquoi il votera sans doute pour lui aux municipales prochaines. Mais ce qui l’importe avant tout c’est de faire bouger les lignes. Or partir dans cette aventure c’est aussi prendre le risque de l’échec. C’est à dire de poursuivre demain son travail de quartier avec un autre maire et une estampille d’opposant. Candide ne le souhaite pas. Il n’aime pas être encapsulé dans une appartenance qui de fait le réduirait à ce qu’il n’est pas : un partisan.

Raminagrobis se fait plus précis. Bien sûr, si Candide est sur sa liste, c’est en position éligible. Quoiqu’il advienne. C’est à dire qu’au pire du résultat possible (ses 15% des législatives), c’est sa présence garantie au second tour sur la liste commune et en position éligible. Dans une commune qui, quoiqu’il advienne, ne peut passer à l’opposition lors de ses élections.

Bien sur, agir dorénavant au sein du conseil municipal est une perspective tentante. Et elle le tente, Candide.

« Je suis bien tenté de dire oui » convient-il. Sa vie professionnelle est dorénavant compatible, encore faut-il que sa vie familiale l’accepte. Il a vu les conseillers à l’œuvre : quel boulot ! Quel apostolat !

jeudi 6 décembre 2007

De l'ébranlement de Candide


Finalement, Candide qui se réjouissait du renouvellement à venir, qui ne s’inquiétait pas le moins du monde que Raminagrobis passa la main, s’émeut des sombres perspectives qui s’ouvrent. Une bande de clampins autistes s’apprêtait à profiter d’un électorat théoriquement acquis en faisant fi de toutes considérations pour les acteurs locaux et les attentes concrètes des habitants.

Ainsi, son maire finissant apparaissait soudain comme un recours plus que légitime. Nul ne douterait ici combien Candide n’avait jamais hésité à le fustiger sans concession chaque foi qu’il le croyait utile et nécessaire. Mais jamais ces joutes ne furent personnelles. De ce fait il existait entre eux beaucoup plus de respect que de défiance. Et de ce fait, la pensée de son rendez-vous du lendemain l’amusait plus encore. Qu’allait-il lui demander de fait ? De faire parti de son comité de soutien ? Il ne pouvait tout de même pas lui répondre « oui » ! Candide savait déjà qu’il risquait de ne pas pouvoir faire autrement que de voter pour lui, contre « son parti », mais pas au point de se griller pour ses futures petites actions locales et quotidiennes futures où la neutralité et le meilleur des viatiques.

« Nous verrons bien » se dit-il.

mercredi 5 décembre 2007

La liste du parti


Au bilan, une trentaine de noms dont aucun (aucun !) n’était connu de Candide. Avait-il donc dormi pendant les quelques centaines de réunions publiques auxquels il avait assisté ces dernières années pour ne pas les avoir jusqu’alors identifiés. D’où sortaient-ils tous ces futurs conseillers et adjoints au maire ? Des soutes du parti ! Présents sans aucun doute à chaque vote interne important, contributeurs sourcilleux de chaque virgule du programme commun, distributeurs patentés de tracts au coin de la rue là-bas. Militants. Méritants. Fidèles. Récompensés. Le tout hiérarchisé par une savante alchimie de copinage, de rétribution en marge arrière, d’option en marge avant, de calcul complexe sur des futurs multiples et incertains et de vengeances médiocres sur de lourds passés de camaraderie de circonstance. Soyons juste : deux figures étaient connues. Le sénateur et la députée, l’un et l’autre ayant assurés auparavant que jamais, au grand jamais ils ne cumuleraient leurs mandats nationaux avec ceux de la commune. Sauf nécessite absolue sans doute.

mardi 4 décembre 2007

D'une équipée à bâtir


La tête de liste choisie, il lui fallait maintenant composer son équipe. La Francine n’est pas une mauvaise jument. Candide reconnaît ses qualités. Il eut préféré une figure plus implantée localement. Mais le Dimitri s’était retiré, troquant un vote incertain en sa faveur, au profit d’une seconde place assurée sur la liste. Soit.
Candide s’est évidemment demandé s’il n’était pas pertinent pour lui de faire enfin le pas de l’engagement concret. Une sorte d’outing politique et de plongée en apnée dans le cambouis !
Et puis non. Il s’était toujours investi là où on le sollicitait. Non par coquetterie mais par souci d’efficacité. Déjà qu’il est dur de faire avancer ceux qui vous soutiennent, alors les autres !!!

Ainsi, Candide ne s’est pas plus manifesté que d’ordinaire, et on ne l’a pas sollicité. La situation était en effet compliquée. Deux fois plus de candidatures que de places sur la liste et un sacré pugilat pour s’assurer une place éligible (entre les aléas électoraux et les places réservées pour les fusions au second tour ...). Il fallait tenir compte des équilibres des courants, des désistements contractualisés en amont, assurer la suprématie de la tête de liste, intégrer les demandes du département et du national...

lundi 3 décembre 2007

La candidate du parti


Le Martial exclu du parti, la place était libre aux appétits. Or la section du parti était en proie a bien des tourbillons. On savait les femmes contraintes à un bel avenir elles furent aussitôt en nombre. Avec les mêmes défauts que les hommes, parité oblige ! Mais cette opportunité trop inespérée n’avait pas été préparée. Chacune s’était jusqu’alors plus consacrée à ses carrières départementales, régionales voire nationales (au sein du parti), qu’au quotidien des habitants du coin. Le choix final ne résultat donc d’aucune notoriété locale particulière, d’aucun bilan remarquable, d’aucune ressource de mobilisation électorale, juste de l’équilibre des courants internes au parti. Et ce n’était pas un long fleuve tranquille qui s’y écoulait en cette section ! Courants et contre-courants, raz de ruisseaux et turbulences, mini-marées et gras-remous, il se déroulait à l’échelle locale ce qui ravine le parti dans son ensemble. Le vote fut sans surprise, il résultait des tractations subtiles et tartufières. Le parti obtint sa candidate : Francine !

Candide ayant voté pour elle. Faut dire que l’alternative n’offrait pas moins pire.

dimanche 2 décembre 2007

Du Maire en dissidence


Deux mandatures déjà, que le Martial gouvernait en sa Mairie ! Alors Candide voyait arriver cette nouvelle échéance avec l’espoir d’un renouveau, forcément : changement d’herbage réjouit les veaux !
Et la perspective semblait bien engagée. La jeune garde du parti (quadragénaire tout de même) progressait à pas fermes et mesurés. Comme il convient pour faire bouger les lignes sans blesser injustement ceux que l’on invite à passer la main. Et puis le temps des primes à la différence était venu. Mieux valait être une femme, de couleur et jeune pour avancer plus vite aujourd’hui. En politique, pas dans les entreprises bien sûr ! Et le maire sortant n’était rien de cela. Juste un raminagrobis fort de 40 ans de « métier » et de terrain labouré, qui avait arraché « sa » mairie à l’opposition voilà quinze ans. Et qui avait encore tant de choses à y mettre en œuvre ! Bref on l’avait mis en minorité par une alliance de circonstance, écarté la candidature de sa poulaine à la députation par une forfaiture, poussé de fait à s’afficher publiquement en dissidence, exclu promptement de son parti pour cet écart « bienvenu ».
Le Martial en avait tiré les conséquences : il se présenterait à la Mairie pour se succéder à lui-même. Sans le soutien de son parti.

samedi 1 décembre 2007

Le Désiré


Candide l’aime bien le Désiré. Des années qu’ils se connaissent : il habite la rue d’à coté. Candide l’a encore croisé hier. Il a déjà fait beaucoup de choses, le Désiré. Cabinets ministériels, responsabilités nationales et tout et tout. Et avec tout ça : plombé dans un parti qui gâche son talent. Qui gâche le talent de tous ceux qui s’y investissent d’ailleurs. Plein d’archéos qui rêvent de pouvoir et coupent la tête à tous ceux qui s’en approchent. Le Désiré, lui, il résiste, avec son sourire poupin et sa tête d’ingénieur. Candide aurait voulu l’aider plus. D’ailleurs il est allé sur sa liste aux dernières municipales. Sur sa demande. Juste en bout de liste, juste pour le soutenir. Au second tour il avait demandé à y demeurer pour être aussi sur la liste d’union, histoire « de ». C’était celle de notre maire d’aujourd’hui.
Candide aurait bien rejoint le Désiré dans son parti. Juste pour lui. Mais, là, vraiment, non, c’était trop dur. L’impression de régresser, de repartir trente en arrière pour passer des soirées à peigner la girafe ou s’écharper sur des virgules. Tout ça pour un programme de bonheur utopiste irréalisable, retardateur plus qu’initiateur. Candide était plus curieux d’aller soutenir le parti d’à coté, histoire de tenter d’influer les jeux nationaux. Mais sa tentation demeure grande de préférer encore la verdeur de l’utopie si on y oppose que de la raisonnable bêtise.Quoiqu’il advienne, il « soutiendra » toujours le Désiré. Amicalement. Même s’il ne pense pas pour l’instant voter pour sa liste.

"En fait il est très, pluriel. C’est tendance !" s'affirme Candide !

vendredi 30 novembre 2007

Candide amateur


Candide fait de la politique à coté des partis. De la politique originelle. Il participe à la vie de la cité. Il y a trente ans que Candide s’est définitivement écarté des partis eux-mêmes. Il n’a pas su se mettre au service d’un leader, et il ne sait pas lui-même en être un. Candide ne peut pas renoncer à son esprit critique au nom de la solidarité nécessaire, il ne peut pas accepter une proposition sans en vérifier les fondements a-dogmatiques. Il a besoin de sa liberté d’expression fusse au prix de sa solitude et du renoncement à tout pouvoir effectif. Car on n’accède pas au pouvoir sans réseau, sans parti, sans équipe, sans structure. Candide le comprend et l’admet. Il est « à coté » et reconnaît à ceux qui sont « dedans » leur rôle essentiel. Chacun dans son espace de compétences. « Société civile » et « professionnels de la politique ». D’ailleurs Candide n’a jamais su faire carrière. Là comme ailleurs. Dans 100 jours très exactement c’est le premier tour des municipales 2008. Une nouvelle mandature. Un nouveau champ d’action. L’occasion de réduire, poursuivre ou amplifier l’action citoyenne de Candide.

"C’est dire que cet appel du maire m’interpelle." s'emoustille Candide ! Rendez-vous a été pris pour le vendredi 7 décembre !

jeudi 29 novembre 2007

"Bonjour, c'est le cabinet du maire, ..."

"... Monsieur le Maire souhaiterait avoir un entretien avec vous. Cela serait-il possible ?"

Quinze ans que Candide milite dans la commune ! Délégué de parent d’élèves dans chacune des écoles de ses enfants, président de conseils éponymes, membre de la caisse des écoles, animateur d’associations, conseiller de quartier, ... Au bout d’un moment il est vain de recenser la succession de mandats divers, tous aussi modestes les uns que les autres, tous aussi (f)utiles voire (in)dispensables à la vitalité de l’expression citoyenne.
Il y a des gens comme ça, qui ne peuvent pas passer à coté d’un problème sans vouloir chercher à le résoudre, croiser une injustice sans aussitôt croiser le fer, entendre une bonne idée sans faire tout pour la soutenir. Et en proposer de nouvelles quand le présent semble en avoir défaut. « Je suis simplement un gens comme ça », pense Candide. Des années et des années à compacter des journées pour dégager plus de temps pour s’y démultiplier, à consacrer des soirées pour ferrailler le bout de gras avec des assemblées de circonstance, à veiller des nuits entières pour tenter d’écrire en mieux l’histoire au jour le jour, à émerger des matins blêmes pour douter de tout cela. Candide ne regrette rien. Il aime, ni n’aime pas cela. Il est. Candide est « cela ». Comme des centaines, des milliers, des millions de gens qui donnent du sens à leur vie en refoulant la tentation de l’indifférence et de l’égoïsme, si naturellement confortable.