jeudi 24 janvier 2008

Logorrhée et cacahuètes


Candide parle trop ! Il le sait puisque souvent on le lui rappelle. Non pas inconsidérément, non pas maladroitement, ou inutilement mais juste trop. Trop longtemps quand il déparle. Car alors, il développe, désenveloppe, cisèle, rebondi, allusionne, historicise, métaphore, précontreargumente, symbolise, circonvolutionne. Chacun alors s’agace de demeurer scotché sur des propos dont il a compris l’essentiel. Ou s’endort. Beaucoup considère que « C’était bien ce que tu as dit (pause) Mais un peu long ». Candide parle « bien », on lui dit souvent. Mais beaucoup plus encore jugent qu’il parle « trop ». Candide le sait, il en a conscience. Il aimerait tant réussir à maitriser cette logorrhée compulsive...
D’ailleurs Candide peut ne pas parler. Il sait se taire. Mais alors il ne dit plus rien. Surtout ne pas démarrer. Car s’il commence, il perd soudain tout souvenir de ces résolutions de sobriété, il perd conscience du temps qui passe, il navigue avec bonheur sur sa pensée qui se concrétise au travers de ces mots. Il s’écoute penseront certain. Il se découvre à lui-même en fait. Car sa pensée ne se finalise que dans son expression formelle. Candide ne sait jamais ce qu’il va dire à l’orée d’une phrase. Il le perçoit en même temps que ces interlocuteurs.

« C’est comme les cacahuètes » confesse Candide, « quand je commence à piocher dedans, je ne peux plus m’arrêter ».

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