samedi 2 février 2008

Du porte à porte


Aujourd’hui, Candide fait du porte à porte. En équipe avec la compagne de Martial. Femme d’expérience : c’est ainsi qu’ils ont entrepris la conquête de la commune, il y a 20 ans, électeur par électeur. Premier immeuble : subterfuge pour passer outre le code d’accès, 7ème étage par l’ascenseur, puis redescendre, palier par palier, sonnette par sonnette.
Candide connaît bien ce type de labour. Le porte à porte dans les grand ensembles, ce fut un de ses premiers jobs, il y a 30 ans. Il tentait alors de placer des assurances vies. En vain, mais non sans efforts. Sonnerie, silence, bruits furtifs, œilleton en mouvement, porte qui s’entrebâille précautionneusement…
« Bonjour, vous savez que les 9 et 16 mars prochain nous allons voter pour élire le maire de la commune ? Nous sommes au coté de Martial, notre maire, sur la liste qu’il conduit. Vous connaissez notre maire, Martial ? Beaucoup de choses ont déjà été réalisé dans notre commune et dans votre quartier. Vous l’avez constaté ? La nouvelle placette, juste en bas, vous aimez ? C’est plus agréable à présent, non ? »
Le « truc », c’est de ne poser que des questions susceptibles de recueillir l’assentiment. Ne pas marquer de pause. Ne pas laisser de place à trop de débats.
« Mais il reste encore beaucoup de choses à faire pour améliorer la commune. Avec vous, nous voulons allez plus loin. C’est pourquoi nous vous interrogeons pour élaborer, avec vous, notre projet municipal : que souhaiteriez vous voir réalisé dans votre quartier ? Quelles sont vos propositions ? Avez vous des questions à nous poser ? »
C’est seulement à ce stade que les questions, et plus souvent les critiques, vont s’exprimer. Et la, la première et seule réponse est toujours identique :
« Vous avez raison… ».
Ecouter, convenir, prendre note. Beaucoup ne viennent que d’arriver, pas encore électeurs inscrits. D’autres éconduisent fermement, certains regrettent cette division, ils voteront PES quoiqu’il advienne. Nous n’aurons le temps de faire que 2 immeubles, 12 paliers, 48 portes, la moitié d’absent. Et le reste ? Déjà acquis ou irrémédiablement opposés. Allez, imaginons qu’un seul ait été utilement influencé. Combien en faut-il encore ? Combien d’après-midi ?

« Et il ne reste que 40 jours » s’inquiète soudain Candide, un peu dépité.

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