dimanche 3 février 2008

La pierre est encore brute


Candide et ses colistiers on refait des photos pour le journal de campagne. Des photos de groupe : les associatifs, les conseillers de quartiers, les entrepreneurs, les politiques, les sportifs, les artistes. Candide pose avec l'un d'eux, mais il pourrait aussi bien être dans chacun d’entre eux, tant il est multiple, éparpillé, touche à tout.
Ensuite, Candide est allé faire nombre, dans une réunion thématique sur leur programme culturel. A La Tannerie, le bar branché du coin, là-bas. Cinquante présents dont 30 comparses… Une dizaine de personnes concernées, combien susceptibles d’être séduites, ou renforcées dans ses convictions ? Martial écoute, convient, prends note. Et répond. Il rebondit, il surenchéri, il programmatise. Sincère. Toutes ces suggestions étant bonnes à prendre.
Au fond de la salle, passif, Candide boit une bière, écoute, observe. C’est rare qu’il soit ainsi dans la discrétion d’une lumière tamisée. Candide n’est généralement là que lorsqu’il est besoin qu’il agisse. Rarement quand il est besoin qu’il fasse juste foule.
Candide a mal au dos. Une semaine qu’il souffre, deux jours qu’il porte un corset pour tenir. Cette campagne, ce n’est pas seulement dans la tête qu’elle se joue, c’est avec le corps tout entier. Et là, peut-être parce que son optimisme fatigue, le reste relâche à son tour. Ou l'inverse.
Candide est rentré à pied avec son voisin sculpteur. Il a fait une pause dans son atelier. Il aimerait rester là. Prendre le marteau et le burin. Prendre l'une de ses belles pierres brutes de marbre ou d’albâtre. La tailler. Prendre le temps pour parvenir doucement au résultat final. Juste le bruit de l’outil, l’odeur de la poussière, la lumière du jour qui passe, et l’idée qui prend forme.

« Mon dieu, que tout le reste me semble soudain si vain » souffre Candide en silence

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