lundi 4 février 2008

Souvenancitude presente


La main de Candide, rêveuse, glisse sur ses rayonnages de livres. S'y aimante l'ouvrage de Vernant, Entre mythe et politique. Quelques passages soulignés par lui lors de sa première lecture en 96, à juste quarante ans, l’apostrophent : « Nous sommes des hommes et chacun façonne sa propre identité comme on bricole un peu tout, souvent mal. On fabrique sa propre identité avec les autres et avec de l'autre, mais pas n'importe quel autre. C'est là qu'intervient l'amitié. » Oui, c'est ainsi que Candide se construit au fil des jours. Avec le regard des quelques amis qui le lisent. Sans eux, il n'existerait pas.

« On refait son tissu personnel avec la présence de ceux qu'on n'a pas vus depuis longtemps, quand on peut évoquer avec eux toute une série de souvenirs auxquels on ne pense jamais. Le passé revient, et reviens partagé. Si on y pense tout seul, on ne sait même pas s'il est vrai, mais à partir du moment où il est intégré aux autres, il devient une partie de votre histoire. » Oui, c'est aussi ainsi que Candide a entrepris l'an dernier de reconstruire son passé pour mieux vivre son présent. Ses souvenances partagées avec ceux qu'il n'avait pas vus parfois depuis si longtemps, …

« Vous comprenez, au fur et à mesure qu'on avance, on a besoin, pour savoir qui on est, d'avoir un passé plus ou moins coordonné. Cette construction se fait à travers des cadres sociaux, mais aussi par al refonte de son propre passé. C'est comme une dame qui s'avance avec une grande traîne ; quand elle change brusquement de direction, d'un petit coup de pied, elle remet la traîne derrière elle. »

C’était donc ça. Candide réalise soudain la continuité de ses propres démarches. Sa reconstruction du passé, pour pouvoir vivre son présent avec plus d’authenticité. Et c'est Jean Pierre Vernant qui vient de le lui dire. Là. Tout simplement.

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