samedi 5 avril 2008



Candide : the last shot !


Et une petite voix panglossienne dit alors à Candide :

"Tous les événements se sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles ; car enfin, si tu n'avais pas couru ta commune à pied, si tu n'avais pas donné un bon coup d'effroi à la Francine, si tu n'avais pas été mis à l'Index, si tu n'avais pas été chassé d'un beau parti à grands coups de pied dans le derrière pour l'idylle de Martial, si tu n'avais pas perdu tous tes comparses locaux, tu ne songerais pas ici à tant de nouveaux projets et autres engagements."

"Cela est bien dit", répondit Candide, "car il me faut cultiver mon jardin."

vendredi 4 avril 2008

Le printemps arrive


Hier soir, Martial a également évoqué les orientations qu’il compte prendre au plan national. Une nouvelle structure « Le parti de la gauche » vient de se constituer et il va y prendre une part active. Elle regroupera des membres du PES actifs aussi bien que des ex, des membres du PEC et d’ailleurs. L’objectif est de travailler à la constitution d’un nouveau rassemblement de toute la gauche. Dans l’immédiat, le PES est fermé à chacun d’entre eux, mais après son congrès, probable que les portes se rouvriront sans trop de discernement. Ceux qui voudront poursuivre leur combat en son sein pourront y revenir, ceux qui préféreront rester à l’extérieur, comme lui, poursuivront ainsi, mais tous pourront se retrouver dans une telle structure, transversale et largement rassembleuse.

Pas sur pourtant que Candide se reconnaissent tellement dans ces mouvements en préfiguration et pas guère dans ses comparses les plus immédiats. S’il a fait ce bout de chemin durant les municipales c’est sur des bases de pratiques locales. Les enjeux nationaux, au sein ou en dehors du PES, il les voit assez différemment de cette assemblée quasi exclusivement constituée d’ex-barbusiens. Quitte à s’investir dans du temps de débat d’envergure nationale, il préférerait rejoindre quelque autre club politique plus proche de sa sensibilité européenne et social-démocrate.

« Mais tout ce devenir me concerne-t-il encore, moi, Candide ? » s’interpelle Candide. « Le printemps arrive. Les lilas bourgeonnent. N’est-il pas temps de retourner cultiver mon jardin ? »

jeudi 3 avril 2008

Unlucky luke !


Les effectifs s’éclaircissent. Candide et ses acolytes ne sont que neuf dans leur sous sol du Clairefontaine. Les cinq élus, Martial, Katarina, Isoline, Damien, Naémi (exit Nourdine) puis les vétérans Jack et Bebert (Marie est excusée) et enfin Xander et Candide (Sibile est également excusé). Il est convenu de créer une association au label de la campagne « Notre commune avant tout ! ». Celle-ci aura pour objet de soutenir et amplifier l’action des cinq conseillers éponymes. Chacun d’entre eux s’engage a être un référent sur tous les thèmes susceptibles de faire débats. Gros boulot à se repartir en peu de mains :
Martial : prend la culture, les grands projets, la laïcité, la sécurité, le sport.
Katarina : l’économie sociale et solidaire, le commerce et l’artisanat, les activités, l’emploi, la voirie et les espaces verts.
Isoline : l’école et l’éducation, la petite enfance, la famille, le handicap, les égalités.
Damien : la politique de la ville, l’habitat, les foyers de migrants, les coopérations.
Et Naémi : l’intégration, la citoyenneté, les discriminations, la propreté, les transports.
Lors de la réunion constitutive de l’association qui aura lieu dans 15 jours, chacun des adhérents sera invité à renforcer ces équipes en fonctions de ses motivations et compétences.
Candide n’a pas envie, lui, d’apparaître publiquement en soutien à une structure qui pourrait être stigmatiser comme une opposition rancie à une municipalité peut être contestable à la marge mais en dynamique positive. Candide leur dit qu'il veut pouvoir tenter d’agir encore sur ses terrains, ceux du quotidien, ceux des associations de quartier ou de parents d’élèves, ceux de la démocratie participative et de la communication locale. Martial le met encore en garde de toutes illusions. Toutes les portes d’expression formelle seront fermées, en aucune circonstance il ne peut espérer revenir au conseil de quartier. Les barrages sont levés, les contrôles seront strictes. Candide et tous les autres sont tricard pour un long moment de purgatoire.

« Sans doute, mais je préfère demeurer un rebelle libre, même seul, qu’un rebelle plus fort, mais plus dépendant » se dit à lui-même Candide.

mercredi 2 avril 2008

Renegat ou apostat ?


Demain, Candide retrouve comme convenu, ses comparses au sous-sol du Clairefontaine. Dans cette même salle de restaurant où il vint il y a un peu plus d’un an, dans un tout autre registre. C’était avant les législatives et présidentielles, avant même d’imaginer ces municipales qu’il déjeuna là avec la grande Félicie ! Et oui, René l’avait gentiment prié de se joindre à cette rencontre. René, il pensait encore être l’adoubé futur du PED, le grand parti du president Duracel, et soignait son réseau. « Cela ne vous engage à rien » lui avait assuré le René, « elle souhaite rencontrer des gens bien implantés sur le terrain et peu importe s’ils ne lui sont pas acquis. » « Pourquoi pas ? » c’était dit Candide, « c’est toujours intéressant ».
Vint le déjeuner. S’y retrouvent, la Félicie, quelques comparses, le Jean Clément et le René, l’un et l’autre candidat à la députation dans chacune des deux circonscriptions, Candide et quelques autres clampins invités comme lui pour représenter les forces vives de la commune. Clampins certes, mais tous favorables, eux, à Duracel en général, et à ces candidatures en particulier. Banalités d’usage, la Félicie rode leur futur programme local, et Candide, clairement mais poliment, expose les priorités qu’il veut croire universelles. Le déjeuner touche à sa fin et Candide, qui l'était vraiment, soudain senti le piège se refermer : la suite du programme prévoyait une visite du quartier en bande avec, juste auparavant, une première petite photo souvenir. Candide feint alors de découvrir que l’heure s’avérait soudain plus tardive qu’il ne pensait, qu’un rendez-vous professionnel le contraignait à mettre un terme immédiat à cet agréable échange de vues, et que, vraiment, là, désolé, mais il devait partir. En courant. Et juste avant que le photographe n’ai fini de régler sa fiat lux. Quelques jours après il retrouva toute la bande en photo sur le blog du René. En photo au resto, chez le boulanger, dans la rue, etc... Avec la Félicie, le René et le Jean Clément sur tous les plans. Il s’en était fallu de peu qu’il ne fut grillé. Quoique maintenant, il ne le soit pas moins !

« Pire, je serais peut-être mieux considéré par la Francine aujourd’hui en tant que renégat sur sa droite qu’apostat sur sa gauche » rajoute Candide !

mardi 1 avril 2008

Etale d'avril


Sometimes it snows in April
Sometimes I feel so bad, yeah
Sometimes, sometimes I wish that life was never ending
But all good things, they say, never last

poétise sombrement Prince.


Ce moys d'Avril, qui ses fleurs renouvelle,
En sa plus gaye et verte nouveaulté.
Loing devant toy fuyra la cruaulté,
Devant luy fuit la saison plus cruelle.

poétise lumineusement Ronsard.


Mon âme d’avril ne tanguera plus en cette vague vague.
C’est l’étale sur mon sable d’estran. De flot ou de jusant ?
L’une et l’autre sans doute : fin et naissance s’y côtoient.
Une nouvelle onde me dispersera bientôt en d’autres plages.

poétise Candide, en demi-teinte.

lundi 31 mars 2008

Mon panache


Que dites-vous ?... C'est inutile ?... Je le sais !
Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès !
Non ! non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !
-Qu'est-ce que c'est que tous ceux-là !
-Vous êtes mille ?
Ah ! je vous reconnais, tous mes vieux ennemis !
Le Mensonge ?
[Il frappe de son épée le vide.]
Tiens, tiens !
-Ha ! ha ! les Compromis,
Les Préjugés, les Lâchetés !...
[Il frappe.]
Que je pactise ?
Jamais, jamais !
-Ah ! te voilà, toi, la Sottise !
-Je sais bien qu'à la fin vous me mettrez à bas ;
N'importe : je me bats ! je me bats ! je me bats !
[Il fait des moulinets immenses et s'arrête haletant.]
Oui, vous m'arrachez tout, le laurier et la rose !
Arrachez ! Il y a malgré vous quelque chose
Que j'emporte, et ce soir, quand j'entrerai chez Dieu,
Mon salut balaiera largement le seuil bleu,
Quelque chose que sans un pli, sans une tache,
J'emporte malgré vous,
[Il s'élance l'épée haute.]
et c'est...
[Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)]
« On ne se bat pas dans l’espoir du succès, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile » se répète Candide.

dimanche 30 mars 2008

Sanction ou gratification ?


Candide se demande s’il doit « accepter » cette exclusion. Il pourrait parfaitement déclarer qu’il avait tout simplement démissionné le 31 décembre 2007, puisqu’il n’a pas « repris » sa carte. Concept certes très élastique. La cotisation n’étant souvent réclamée que tardivement. Certains sont ainsi restés adhérents sur le papier sans jamais payer ni être présent. Les sections peu pressées d’afficher une baisse d’effectif. Seuls les enjeux électoraux internes font revenir quelques égarés, être à jour de sa cotisation étant impératif pour pouvoir voter.
Exclu ou démissionnaire qu’est ce que cela change ?
Exclu, Candide n’a pas le droit de réadhérer au PES avant deux ans. En a-t-il l’intention ? Exclu, il est « fautif ». Est-ce une infamie ou un honneur ? Est une chose subie ou bravement attendue ? Aurait-il vraiment préféré démissionner ? C’eut été plus calculateur. Il était libre ainsi de revenir quand il voulait. Il serait demeuré seul maître de son destin. Mais celui-ci as-t-il besoin du PES ?
Exclu, il n’est pas seul. Il est en bonne compagnie. Des milliers d’adhérents le sont aussi devenus aujourd’hui en France, comme lui. Exclu, il fait partie de ceux qui ont ouvertement défié l’appareil, sachant l’issue.
Exclu, il s’est interdit de revenir. Et ce n’est sans doute pas plus mal.

Candide aurait pourtant bien volontiers développé l’une de ses arguties dont il maîtrise l’usage. Il aurait arguer de sa démission préalable avec une jouissive mauvaise foi, nul texte n’obligeant celle-ci a être formalisée par écrit. Il aurait envoyer des recommandés. Communiqué son contentieux à des organismes de défense des citoyens. Voire ester en justice. Déterminé, il aurait fini par faire invalider leur exclusion. Pourquoi faire ? Juste pour le fun.

« Le problème c’est que ce jeu risque d’altérer ma consubstantielle candeur » s’inquiète Candide.

samedi 29 mars 2008

Le cimetière des éléphants


Candide a lu récemment un article assez pertinent sur le PES dans un grand hebdo du 6 mars dernier. Extraits :

« Le PES ressemble aujourd'hui à sa caricature : une addition de stratégies personnelles où chacun peut désormais voter en conscience, nouer les alliances qui l'arrangent au gré des circonstances ou encore monter sa petite entreprise, son petit mouvement, en parallèle. Un pied dehors, un pied dedans. La holding de la rue de Waterloo fait mine de ne pas voir que ses fonctions de base - formation, réflexion, sélection des candidats - sont en train d'être externalisées. C'est le PES à la découpe ! Hier, les courants structuraient le vieux parti d'Epinal. Vidés de toute idéologie, ils se sont transformés en écuries présidentielles. Et puis, progressivement, eux aussi ont perdu de leur influence. Les barbusiens sont à la peine, les platz-craniens sont orphelins, les chochonistes préparent leur sécession. Quant aux pancho-betanoïstes, ils n'ont toujours pas trouvé de nom. Ce qui ne se nomme pas existe-t-il vraiment ? Seule à la tête de son armada, Marie Thérèse avance. Elle veut prendre la tête du PES. Pour quoi faire, on le devine. Pour en faire quoi, c'est beaucoup moins clair. Comme toujours quand le PES est en crise, les batailles de personnes remplacent les débats de fond. La situation n'en est pas moins paradoxale. Le PES se fragmente au moment même où les clivages idéologiques qui le traversent - sur l'économie, le social, la sécurité... -, n'ont jamais été aussi ténus. Aile gauche, aile droite, cela a-t-il encore un sens ? Au centre du PES, on trouve un bloc plus homogène qu'on ne le dit parfois. Mais plus qu'un bloc, c'est d'un ventre mou qu'il s'agit. […] Ainsi va le PES. Les sucettistes vivent sous le même toit, mais ils doutent de la solidité des fondations de leur maison commune. Les polémiques qui ont émaillé l'arrivée massive - puis le départ tout aussi massif - des «nouveaux adhérents», ces «connards à 20 euros», comme disent encore certains, ont éclairé d'un jour très cru ce malaise existentiel. A l'inverse de ses frères sucetto-démocrates européens, le PES n'a jamais été un parti de masse, mais un parti d'élus. C'est ce qui à la fois le rend insubmersible et l'emprisonne entre des murs trop étroits. Vivons petits, vivons heureux : c'était le prix de la tranquillité. C'est devenu la recette de l'impuissance. Le PES n'est pas mort, mais il mute. »

« Le connard à 20 euros vous salue bien » maugrée Candide.

Le 11.19 a frappé !


Candide a reçu du courrier !

Secrétariat National du PES

Paris le 27 mars 2008


Cher Camarade,


Tu as annoncé ta candidature pour les élections municipales de 2008 dans ta commune. Dans celle-ci, le PES a régulièrement investi une autre liste.
En vertu des dispositions de l’article 11.19 de nos statuts, sont réputés exclus les membres du Parti candidats à un poste électif pour lequel les instances du Parti ont investi un autre candidat.
Je t’informe donc que tu n’es plus membre du Parti En Sucette. Tu ne peux donc te prévaloir du Parti, ni utiliser ses logos ou emblèmes.
Ta fédération sera informée de cette décision.

Nous te prions de croire en l’expression de nos sentiments distingués.


Candide n’a adhéré au PES que deux fois dans sa vie. La première c’était en avril 1974. Il était de passage à Paris durant un trimestre scolaire. Il y avait une section dans la rue. Il se disait qu’il fallait faire quelque chose. Il a pris « sa carte », assisté à une ou deux réunions, jugé ses pairs peu enthousiasmants. Il a rejoint des activités plus rebelles. Le PES ne lui en a pas voulu.
En avril 2006 il a repris sa carte. Le PES invitait les citoyens à le rejoindre, à participer aux débats. Il se disait qu’il fallait faire quelque chose. Il a pris sa carte. Elle était en promotion à 20€. Une affaire. Il a assisté à une ou deux réunions, jugé ses pairs peu enthousiasmants. Il a rejoint des activités plus rebelles. Et, là, le PES lui en veut !
Parce que la rébellion, passe encore, mais le grippage de la machine à fabriquer des élus, c’est la faute suprême. L’article 11.19 ne rigole pas avec ça. Pour toutes les fautes possibles, il y arbitrage, instruction, commission des litiges, appel possible, etc. Mais pour une « candidature à un poste électif pour lequel les instances du parti ont investi un autre candidat… » Oulala ! C’est la faute lourde et l’exclusion au-to-ma-ti-que !

« J’ai réussi à vivre 32 ans comme citoyen actif entre deux adhésions au PES, j’arriverais sans doute à le refaire. Rendez vous en 2040 ! » défie Candide.

Baffritude


Le conseil s’est tenu dans la salle des fêtes. Public oblige. Il était nombreux. La doyenne a présidé la séance. Elle a fait son discours, un peu long, comme il se doit dans le genre. Puis fait appel des candidatures. Seule la Francine s’est déclarée. La parole a été donnée au Pierrot, au nom du groupe PEC, au Désiré, au nom du PEV, au Dimitri au nom du PES, à la Martine au nom du MER. Chacun a appelé à voter pour la Francine après s’être tactiquement positionné pour l’avenir. La parole a été donnée à Martial. Il s’est réjouit de la victoire de la gauche, s’est engagé pour une participation constructive, s’est prononcée pour une abstention positive. La présidente a communiqué la position de Nourdine, initiative tout à fait illégale, les positions individuelles n’étant pas de mises… Le vote a donné 34 « pour » et 5 « blanc ». La Francine a ceins son écharpe, pris la présidence du conseil et discouru à son tour.
Ses nouvelles fonctions n’ont pas réussi à lui faire transcender ses rancœurs. Elle a salué la qualité de la campagne de l’opposition de droite, citant le Jean Clément, le René et le Dieudonné pour mieux induire que celle des plus proches fut de moindre facture. Elle n’a même pas salué sa gauche, ses quatre candidats et leurs électeurs, ils s’en souviendront. Elle n’a eu aucun mot pour saluer le travail accompli depuis 12 ans par Martial, aucun mot pour les élus non renouvelés. Un passage de relais suintant d’amertume. La moitié de la salle ne s’est pas levée pour une standing ovation qui aurait pu ressouder tout ce petit monde. Candide n’a pas attendu le vote des adjoints et des délégations. Il y en a pour tout le monde. Enfin le tout le monde de Francine bien sur. Il retrouve sur le parvis l’essentiel de ses comparses avec lesquels il se rend au troquet pour boire un verre.

« Désespérant ! Mais je suis content d’être venu me déciller encore un peu plus » se chuchote Candide.

Pour 30 deniers


Candide n’imaginait pas que cette élection du Maire puisse advenir sans surprise. La surprise fut là, mais pas de là où il la supputait. De Nourdine. Nourdine, s’expliquant laborieusement dans un communiqué diffusé juste avant le conseil, annonce son vote pour Francine.
Cela n’étonne pas Candide. Non seulement le point de vue est compréhensible mais, même, pourquoi pas, partageable. Oui, ceux qui composaient la liste de Martial, ne sont pas partis contre un programme, encore moins un bilan, mais seulement en alternative à une équipe qu’ils ne jugeaient pas à la hauteur de ceux-ci. Que, passé le conflit fratricide, et nonobstant le refus adverse de tout accord, tout cela soit dépassé, oui. En étant plus intelligemment constructeur que Francine elle-même, c’est honorable.. Mais ce n’est pas tout à fait ça qu’a fait Nourdine.
Sa décision il l’a pris seul, assez misérablement. L’équipe élue et quelques autres se sont réunis à 14h pour réfléchir à la position commune à prendre. Nourdine n’était pas là. Il aurait pu convaincre les autres de se rallier à son analyse. Il aurait pu avoir le courage d’assumer son désaccord et d’en conclure, personnellement et entre quatre yeux, les conséquences qu’il en tirait. Las, la lâcheté l’a gagné.
Sans doute savait-il aussi que ce désaccord ne pouvait pas se traduire par cette « prise d’autonomie ». Elu sur une liste, a l’issue d’un soutien sans faille de tous ses colistiers et de tous les autres, il ne peut se prétendre, moralement, seul propriétaire du mandat reçu. Il a parfaitement le droit de considérer que cette bataille municipale l’a mené sur un terrain où il ne souhaitait pas se rendre. Celui d’opposant de fait à une famille politique qui est la sienne.
Mais la seule action digne est alors de remettre son mandat. Simple, transparent, honnête. « Je me retrouve élu dans des conditions que je n’assume pas, je laisse la place ». Non, il a été manipulé par plus malin que lui. La partie adverse a su lui faire comprendre que tenir sa radio locale allait devenir difficile pour lui. Surtout elle a su lui imposer plus qu’une démission trop facile. Une simple reddition. Il fallait qu’il « joue » publiquement son ralliement. Il fallait que l’équipe de Martial perde un conseiller de plus. L’animal bouge encore.

« Pauvre Nourdine, je le plains sincèrement de sa médiocrité » s’attriste Candide.

AU REVOIR MESSIEURS !


« Au revoir Messieurs », c'est le titre de l'article du jour dans la presse locale. Celle qui annonce par ailleurs l'élection sans surprise possible de Francine pour le conseil d'aujourd'hui à 15h.

Martial a inventé les conseils de quartier
L’« ANIMAL POLITIQUE » est toujours bien vivant. Exclu du PES pour dissidence aux législatives de juin, écarté de la liste PES des municipales dans la commune
où il était maire depuis 1995, Martial, 65 ans, a survécu à tout. Contre toute attente, sa liste dissidente a réussi à franchir le 1 e r tour le 9 mars et il a réussi à se faire élire en compagnie de cinq autres colistiers. Aujourd’hui, il ne pourra toutefois qu’assister la mort dans l’âme à l’élection de Francine, ancienne adjointe du Grand Bornard, le leader départemental de la gauche. « Mais je souhaite rester dans la majorité », insiste l’ancien maire, qui espère obtenir des responsabilités pour son groupe. « J’ai encore beaucoup de choses à apporter à la gauche, il faut rénover, refonder, j’ai beaucoup d’idées ». Une qualité que tous lui reconnaissent. Autant la personnalité jugée « froide », « hautaine », « calculatrice », a souvent alimenté des désaccords dans la commune, autant ses réalisations font l’unanimité. Dans le département, il est le premier à avoir créé les conseils de quartier. Il s’est également illustré par une farouche défense de la laïcité. Même ses adversaires politiques, comme son ancien opposant PED, René, décrivent « un bon maire, un vrai républicain qui a toujours respecté l’opposition ». « Dommage qu’il se soit entêté à vouloir rester au pouvoir, commente un élu de son ancienne équipe. Même s’il a prouvé, en réussissant à se faire élire, qu’il avait encore du savoir-faire politique. »

« Cette épitaphe me confirme que c'était un mentor de bon choix pour ma formation aux arcanes d'une élection locale » ponctue Candide.

vendredi 28 mars 2008

La guerilla de Candide


En 74, il y a 35 ans, Candide parcouru 40 kilomètres, bravant l'hiver limousin avec sa petite moto bécane, juste pour aller acheter "La guérilla du Che" de Régis Debray, qui venait de paraître. Pourquoi celui-ci ? Candide ne s'en souvient pas, mais ce fut l'un de ses premiers livres engagés d'adolescent. Si fondateur de sa jeunesse, qu'il consacra l'essentiel de celle-ci à se former aux métiers des armes pour se préparer à la lutte révolutionnaire.
Aujourd'hui, Régis Debray joue à Candide et publie "Un candide en terre sainte". Et Candide, bien qu'ayant lu avec attention d'honorables critiques à ce sujet, n'a pas envie de le lire. Régis Debray a fait un trop grand écart. Rompu aux ores de la république et d'ailleurs, il porte en médaillon sa révolution passée et qualifie dorénavant le Che de "cruel fanatique et despotique". Evolution ou circonvolution, sa révolution à lui donne le tournis et un peu la nausée. Sa prose fut-elle intéressante, Candide ne souhaite pas monter avec lui se promener dans son manège désenchanté. Deux candides en miroir, l'un auteur, l'autre lecteur, la confusion des genres serait trop grande.
Certes le Che n'était certainement pas un Saint et son image d'Épinal de la jeunesse révolutionnaire mondiale est aujourd'hui bien édulcorée, peu s'en faut. Candide ne l'est pas. Mais Candide n'a pas fait la révolution à laquelle il s'était ardemment préparé. Il n'a rejoint ni Tsahal, ni les Fedayins quoique l'une et l'autre hypothése l'ai tenté, en deux moments bien distincts... Mais a tout prendre il préfère un snipper fumeur de cigare tirant sur les militaires boliviens, à un intellectuel fumeur de cigare tirant sur ses réves de jeunesses pour un monde meilleur.

"Le monde est plein de faux candides et de vrais tartuffes" reconnait Candide sans plus s'en émouvoir.

jeudi 27 mars 2008

Résiste encore et toujours...


« Mon Dieu, cela ne cessera –t-il donc jamais ! » soupire Candide qui vient de recevoir une nouvelle invitation de Martial à une prochaine réunion jeudi prochain. Il s’agirait de préparer le fameux collectif. Celui suggéré jeudi dernier ! Voila donc Candide kidnappé au sein du staff sur lequel veut s’appuyer dorénavant Martial. Candide n’a plus tellement besoin de ça pour se voir confirmé sa valeur ajoutée au groupe. Et il n’a pas tellement prétention à reconstruire toute la gauche nationale à partir de leur aimable échec et objective inexistence !

Accessoirement, il s'amuse de ce qu'il lit entre les lignes. Nous serions treize conjurés, Martial compris. D’abord tous les premiers de la liste jusqu’au treizième. Tous ? Pas tout à fait ! Sur les 13 présents, manquent Steffie (8°) et Chantelle (12°), tellement transparentes qu’elles ne sont donc plus visibles dans le paysage, et Lulu (9°). Peut-être trop voyant, lui. De plus, il déménage dans le squat d’une commune voisine. Futur non-electeur. Trois de chutes donc ! A leur place, il y a par contre les trois grognards. Les doyens Bebert, Jack et Marie : deux cent ans à eux trois ! Les ex-adjoints de Martial à la Mairie, tous présents en fin de sa liste. Ses trois mousquetaires. Pour le meilleur ! Et le pire ?

Candide n’a toujours pas bien compris l’objectif de ce collectif. A part constituer une amicale des anciens, ce qui est charmant mais un peu surjoué tout de même. Ils ne vont tout de même pas refonder un parti au fond de leur cave ? (le rendez vous a lieu dans le sous sol d’un bistrot du quartier !). Ils ne vont pas de même créer un comite de soutien pour élus de l’opposition ostracisés et manifester à chaque conseil municipal sur le parvis de la Mairie, comme les folles de mai ? Ils ne vont quand même pas organiser dès maintenant l’élection prochaine prévu dans six ans ?

« Il faudra bien que je passe à autre chose » s’assure Candide, « mais j’aimerais bien aussi pouvoir partir à la fin de l’histoire, et pas avant... »

mercredi 26 mars 2008

Wikipédia accueuille Candide


Qu’ont donc en commun, René Allendy, Alain Badiou, Raymond Barre, Laurence Boccolini, Jacques Chirac, Daniel Cohn Bendit, André Comte Sponville, Léo Ferré, Jean Marie Gourio, Joris Ivens, Albert Jacquard, Brice Lalonde, Jack Lang, Boby Lapointe, Primo Levi, BHL, André Malraux, Noël Mamère, François Mitterrand, Edgar Morin, Friedrich Nietzsche, Jacques Pilhan, Gueorgui Plekhanov, Elisabeth Tessier, Mao Tsé Toung, Raminagrobis, Robin Des Bois, Saint Augustin, Saint Louis, Jean Paul Sartre, Jean Pierre Vernant, Boris Vian, Rama Yade et Zhou Enlai ?
I
ls sont tous venus accompagner Candide dans l'une ou l'autre de ses élucubrations. Et ils sont tous référencés dans Wikipédia. Et pour éviter toute confusion avec le Candide de Voltaire, Candide candidat, est dorénavant lui-même spécifiquement mentionné, comme eux, dans cette abracadabrantesque encyclopédie !

"A défaut d'être élu, c'est tout de même une consécration, non ?"
se plait à penser Candide.

mardi 25 mars 2008

Chantelle, Sibile, Bouta et les autres


Et puis, ...
Et puis tous les autres. Ne pas les oublier, se souvenir de chacun et de leur commune générosité.

Chantelle, scénographe tchèque, sociologue, artiste, décoratrice, costumière et dorénavant agent de développement local !
Sibile, agacé de voir un PES inaudible et décrédibilisé, il a tenté de le faire changer de l’intérieur. L’inertie de l’appareil et les magouilles de couloirs ont eu raison de lui.
Bouta, de Dakar, médiatrice socioculturelle, présidente d’une association pour les femmes et familles africaines, organisatrice de voyages humanitaires de co-développement avec le Mali.
Saada, de Mtsangadjou. Adolescent, il fonde et préside une association pour défendre le droit des jeunes confrontés à la justice. Aujourd’hui animateur sportif à l’Office Municipal des Sports.
Véro, juriste. Très attachée au service public dont elle est issue.
Frédo, haut fonctionnaire, ancien secrétaire de la section du PES local.
Carmina, d’Alcudia, venue en France à 16 ans, fuyant la misère franquiste. Employée à la caisse des écoles, syndicaliste et militante, comme son père et son grand père.
Loic, mutualiste, président du conseil de quartier Noisetier, de la régie pour la réinsertion des personnes en difficultés, et d’une association d’assistance aux habitants.
Birgit, chimiste, analyste, déléguée médicale, très investit dans les actions de SOS racisme. Elle a fondé une association pour la jeunesse africaine en France.
Pietr, instituteur puis directeur dans plusieurs des écoles de la commune, il connait, c’est peu dire, toute la jeunesse du coin.
Jane, pharmacienne, elle a présidé l'association locale des commerçants. Elle est devenue médiatrice sur le grave problème de la réhabilitation des immeubles HLM de son quartier.
Jeap, retraité, ancien champion régional de rallye, président de conseil syndical et de son conseil de quartier.
Julie, 19 ans, étudiante en 2ème année de droit, benjamine de l’équipe.
Jim, employé dans la banque locale et éminent syndicaliste.
Béa, engagée dès ses années lycées, toujours en révolte contre l’injustice, le mépris et l’humiliation. Marraine d’enfants handicapés à Madagascar et militante contre la Peine de Mort dans le monde.
Chris, illustrateur de presse associative, investit au cœur de son quartier en tant que parent d’élève et conseiller de quartier.
Mama, infirmière, présidente d’une association d’aide et d’accompagnement des personnes handicapées
Dave, grand sportif, médaillé et reconverti dans le conseil sportif social
Caro, juriste, adhérente d’aucune organisation mais toujours présente dans tous les combats locaux pour soutenir les commerces de proximité.
Mario, restaurateur, vice-président des commerçants locaux.
Diana, assistante sociale en formation, militante au sein d'une association culturelle portugaise
Mouloud, de Fez, professeur de lettres modernes devenu créateur de son entreprise. Très engagé auprès des sans-papiers et investit dans le soutien à l’alphabétisation des femmes au Maroc.
Linda, intermittente du spectacle. Artiste chorégraphique. Etudiante en master Art du spectacle.
Yvan, retraité SNCF. Conseiller de quartier
Katy, danseuse de jazz classique elle participe à toutes les activités festives de la commune avec son groupe de Hip Hop.
Bébert, le doyen, d’Alger la blanche, militant PES de toujours, élu municipal successivement en charge de l’habitat, du cadre de vie, du commerce, de l’artisanat, du tourisme puis de l'action culturelle. Il connait tous les dossiers.
Marie, conjointe de Martial, militante PES de toujours, élue municipale, déléguée à la vie associative et l’accueil des citoyens. Elle a permis l’expression de toutes les associations sur des thèmes aussi variées que l’emploi, les transports, la culture, les grands ensembles, la justice, l’éducation et la citoyenneté, les droits de l'Homme, la fiscalité, la jeunesse, le sport et le handicap psychique.
Jack, très tôt engagé dans l’action syndicale, militant PES depuis toujours, élu municipal, en charge de l’action sociale, de l'initiative économique et de la santé.

« Sans l’espoir d’être élus, tous mobilisés pour la victoire de l’équipe » admire encore Candide.

lundi 24 mars 2008

Xander, Steffie, Lulu et Lafati


Enfin les quelques qui eurent pu être élus avant Candide mais qui ne le furent pas plus que lui.

7. Xander. Candide aime bien Xander. Malgré qu’ils furent souvent en opposition au sein de leur conseil de quartier. Directeur général d’une association pour adolescents en grande difficulté. Depuis 10 ans il s’est investi dans les conseils de parents d’élèves puis au sein du conseil de quartier dont il devint, avec Candide, coprésident. C’est un quasi voisin aussi, et Candide est content de l’avoir mieux connu grâce à ces circonstances. Candide apprécie chez Xander la qualité de ces points de vue et leur saine construction, même quand il ne les partage pas sur le fond. Non élu, il a l’opportunité de rejoindre le conseil dès la première défection d’un des six premiers. Nul doute qu’il s’y prépare.

8. Steffie. Candide aime bien Steffie. Malgré son genre transparence, limite vacuité. Militante et professionnelle du milieu associatif, elle a lancé la Maison des Associations de la commune. Elle a participé à la mise en place du Centre Social et rejoint maintenant une association du champ médico-social. Candide ne percevra guère plus Steffie dorénavant. Pas sur d'ailleurs qu’elle demeure longtemps très présente dans la commune.

9. Lulu. Candide aime bien Lulu. Avec son coté squatteur éternel. Né à Tunis, arrivé en France en 61, il a eu comme professeur de droit Raymond Barre ce qu’il amené à préférer se consacrer à son talent d’artiste peintre graveur plutôt que de poursuivre une carrière de juriste. Expulsé de France en 68, il y revient avec le soutien d’André Malraux ! Il milite au sein de toutes les initiatives politiques susceptibles de faire avancer la prise de conscience écologique. Avec Brice Lalonde a ses débuts, avec Noël Mamère chez les verts, avec Cohn Bendit aujourd’hui. Candide poursuivra sans doute avec lui un bout de chemin sur ce terrain. Il n’a pas besoin d’un mandat pour s’exprimer jusqu’a son souffle dernier. Juste son RMI.

10. Lafati. Candide aime bien Lafati. Avec son coté mordeuse de macho. Jeune anthropologue, comédienne, scénariste, journaliste indépendante, presse, radio et télé, militante très engagée, animatrice des ateliers théâtre pour les classes relais. Elle a de la niaque. Candide est ravi de voir cette énergie de 28 ans en ébullition, même si cela bouillonne loin de son quotidien à lui. Et sans doute va-t-elle maintenant s’éloigner de la commune vers d’autres aventures en terres moins hostiles.

« Quatre autres belles figures, toutes bien légitimes » accorde Candide.

dimanche 23 mars 2008

Isoline, Damien et Naemi


Viennent ensuite,

4. Isoline. Candide aime bien Isoline. Sans réserve aucune. Intelligence et générosité. Directrice d’un service de soins et d’accompagnement à la scolarité pour enfant déficients moteur elle travaille depuis plus de 15 ans auprès des populations les plus vulnérables et fragilisées par la vie. Membre du PES, elle y a occupé des fonctions nationales jusqu'à sa démission pour libre dissidence. Comme Candide, elle considère Martial comme un homme d'expérience avec un bilan concret et des projets à foison. Elle est en rupture et en rébellion contre les jeux d'appareils. Candide est ravi de l’avoir rencontré à cette occasion et poursuivrait volontiers l’échange au-delà. Elue, elle va rester constructive et retricoter un avenir plus conforme à son potentiel.

5. Damien. Candide aime bien Damien. Malgré son coté « pousses-toi de là que je m’y mette ». Responsable d’un établissement public à caractère social. Il est élu en charge de l’action sociale, de la solidarité et des personnes âgées. Il fut auparavant conseiller de quartier, directeur du centre social local et président de la 1ère régie de quartier impulsé par Katarina. Candide pense qu’il mériterait d’être mieux connu, mais que cela ne se fera pas. Dorénavant élu de l'opposition (?), il va sans doute se la jouer cool en attendant que le temps le replace en situation moins défavorable.

6. Naemi. Candide aime bien Naemi. Avec son coté « je suis black et je vous emmerde ». Elle est née à Yaoundé et arrivée en France en 87. Accueillie sans réserve dans la commune en tant que citoyenne à part entière. Travaillant dans le tourisme elle s’est investie dans les activités de son quartier et a intégré le conseil des habitants non communautaires créé par Martial. Naturalisée, elle a travaillé au sein de l’équipe de la démocratie locale. Elle a aussi réalisé un documentaire contre le racisme et les discriminations au quotidien. Candide est ravie d’avoir pu mieux connaitre cette quasi voisine simplement croisée jusque là. Elue, elle ne va manquer de monter au créneau sur tous les dossiers qui lui sont à coeur.

« L’élégante érudite, le social bourru et la black combative, un autre trio bien hétéroclite » se complait Candide.

samedi 22 mars 2008

Martial, Katarina et Nourdine


Sans doute est-il temps de mieux présenter les protagonistes de cette aventure. Ceux de la liste de Candide. Dans leur ordre formel et public, il en vaut bien un autre.

1. Martial. Candide aime bien Martial. Malgré son coté froideur de l’édile. Militant PES de la première heure, il a occupé moult fonctions au sein de son parti. Vieux brisquard de la politique, il a connu tous les dirigeants de cette organisation et bien d’autre encore. C’est grâce à lui que la mairie a été conquise en 95 et à 65 ans, il est encore capable de repartir à la conquête de moulins à vent, de se projeter dans la construction d’un nouveau mouvement refondateur, de repartir à zéro. Il a le tord d'habiter les beaux quartiers. Il lui manque du charisme et semble distant. On ne découvre son humour que dans l’intimité de quelques rares moments. Il est intelligent mais laisse volontiers le dernier mot à plus agitateur que lui. Et comme il n’impose pas, il a tendance à travailler en solitaire. Pas facile à gérer. Elu, il dit qu’il ne restera pas forcement jusqu’au bout de son mandat. Pour faire de la place aux « jeunes ».

2. Katarina. Candide aime bien Katarina. Malgré son coté pétroleuse des faubourgs. Elle est née dans la commune, rue des noisetiers, et elle y vit et y travaille depuis toujours. Fille d’immigrés espagnols, elle a le militantisme dans le sang et a pris une part active dans les associations créées pour défendre le maintien au logement face aux expulsions des années 80. C’est ainsi qu’elle a rencontré Martial, conseiller d’arrondissement alors dans l’opposition, seule élu à bien vouloir l’écouter et la soutenir. C’est ainsi qu’en tant qu’associative, elle a rejoint l’équipe municipale et créé la première régie de quartier. Stakhanoviste, elle a pris en charge la mobilisation de l’équipe avec une énergie limite insupportable. Candide ne se reconnait plus dans ce style. Elue, elle ne va pas lâcher la Francine. Et c’est tant mieux !

3. Nourdine. Candide aime bien Nourdine. Malgré son coté hâbleur du bled. Né en Kabylie, médecin, fondateur d’une radio locale, très impliqué dans tous les mouvements liés à l’intégration et la reconnaissance des Maghrébins, son parcours est d’une rare qualité. Habitant la commune, il a souhaité s’associer à Martial pour faire avancer plus encore la diversité et l’ouverture dans la commune. Parfois grandiloquent et discoureur, il abuse du « moi je » propre au self made man. Candide aurait bien aimé mieux le connaitre, mais il sait que cela eut été vain. Restera-t-il élu ? Pas certain que le statut de conseiller d’opposition sans pouvoir ni moyen ne lui soit pas rapidement insupportable.


« Le politique des beaux quartiers, la pétroleuse des faubourgs et l’entrepreneur maghrébin. Hétéroclisme sain du bon, de la bête et du truand. Dans le désordre » concéde Candide.

vendredi 21 mars 2008

Le non mouvement du 22 mars


« Bonjour à toutes et à tous,
Suite à notre belle campagne, et grâce au 30,5 % de nos électeurs nous sommes aujourd'hui la seconde force politique de notre commune. Nous devons à nos électeurs des remerciements. C'est pour cela que nous distribuerons "la déclaration du 16 mars" le samedi 22 mars à 10h 30 (rendez-vous devant le parvis de la Mairie) et le dimanche 22 mars à 10h30 (au marché). Merci de venir nombreux et de rester mobilisé. »

Certes le 22 mars est une date importante ! Mais déjà si lointaine. Quarante ans. Ce jour là naquit à Nanterre le mouvement éponyme. Occupée par les étudiants menés par Daniel Cohn-Bendit, la faculté fut aussitôt fermée par son doyen. Et aussitôt, le jeudi 28 mars, Candide et son frère, internes en Haute Loire, sont « montés » à Paris. Mais juste rejoindre leur mère pour les vacances de Pâques. Rejoint par leur père et petit frère de retour des USA, ils ne restèrent pas là pour faire la révolution, ils rentrèrent vite dans leur province obscure.

Quarante après, Candide ne pense pas qu’il fasse dorénavant partie de "la seconde force politique de la commune" et qu’il doivent rester mobilisé. Mobilisé il l’a toujours été mais pas juste pour durer. Il sent bien que s’étiole cette histoire. Et que les jours sont comptés qui le séparent de sa fin.

« Ce sera la deuxième fois de ma vie que je manquerais le mouvement du 22 mars, mais je pense que je m’en remettrais ! » se marre Candide.

jeudi 20 mars 2008

Sainte Isoline


Candide était également invité à une soirée chez Natacha. Il avait d’abord cru à un diner intime entre amis de longue date et avait regretté l’indisponibilité annoncée de sa tendre Hina, écartée de par son voyage à Dubaï. Heureusement pour elle, quand il comprit qu’il s’agissait plutôt d’une rencontre politique semi-privée à laquelle était également conviée Isoline. Prudent, ils arrivèrent ensemble, sachant que l’assemblée serait exclusivement composée de membres du PES, pas forcement très francinophiles mais très probablement martialophobes. Ils arrivèrent tardivement alors que la réunion était déjà commencée. Les regards se tournèrent vers eux, incrédules. Interrogatifs mais non agressifs. L’invité était l’un de ces dirigeants nationaux du PES, rodant sa candidature à la fonction dirigeante suprême sur laquelle devait statuer le prochain congrès en novembre. Natacha, assisse a ses cotés, présidait les prises de paroles et sourit aux anges à leur venue. Il y avait là beaucoup de convivialité, de propos politiques pertinents, de justes constats sur l’état du PES. Bref une réunion politique comme Candide aurait aimé en rencontrer depuis deux ans au PES. Comme beaucoup parmi les présents qui faisaient justement le constat que le PES était bien en panne de cette dynamique. Candide pris la parole. Juste pour s’assurer que chacun avait bien compris qu’Isoline et lui avait soutenu la liste de Martial. Un outing assumé et affable, solidarisant sa position avec celles qui venaient d’être exprimées par d’autres.
« A quoi ce sont résumés les enjeux du PES au sein de notre commune où la victoire lui était assurée ? A tuer Martial ! A tord ou à raison, c’est dorénavant chose faite. So what ? Et maintenant ? Un PES meurtri et une maire dont peu ici défendrait a priori la compétence. Voilà ce qu’est le PES aujourd’hui, une machine sans débat, juste bonne à produire des élus et exacerber les luttes fratricides. » Aucun contradicteur. Le débat s’est poursuivi. Candide avait réussi sa reprise de contact avec le cercle des gens de l’au-delà de l’équipe acquise à Martial. Isoline, elle, validait auprès d’un expert que, démissionnaire avant d’avoir été exclue, rien ne s’opposait, statutairement, à sa nouvelle adhésion...

« Avant que le coq chante, ... » philosopha Candide.

mercredi 19 mars 2008

Futurs fantomes ?


Martial a invité tout son équipe à un happy end à la Mairie, salle des fêtes. Enfin, un petit coin de la salle des fêtes, parce que même avec une grosse cinquantaine, on eu risqué de s’y perdre, dans la totalité de l’espace. Petits-fours sur les ultimes facilités du mandat, puis table ronde. Sans la table, juste les chaises. Disposées en un grand cercle un peu genre veillée scout. Martial y va de ses remerciements, de l’analyse toujours éminemment positive de leur parcours et annonce des lendemains qui chantent. Convaincu de l’ostracisme de Francine et consorts, il invite à poursuivre sans attendre le combat. Il suggère la création d’une structure ad hoc, un local, un organe d’expression et même un shadow cabinet pour préparer la future échéance de 2014 ! Une idée de Xander. La parole circule. D’abord, comme à l’accoutumée, Nourdine et Katarina font écho, dans leur style, mais à l’unisson. Puis interviennent, aimablement, de fermes réserves. D’aucuns ne souhaitent pas tirer un trait définitif sur leur propres adhésion au PES. Faire gros dos quelques temps avant d’y revenir en loucedée s’il le faut, leur convient bien. Le débat s’engage entre ceux qui ont définitivement fait le deuil du PES et ceux qui ne désespèrent pas d’y mener encore, de l’intérieur, tous les combats nécessaires.
Candide se décide d’intervenir pour apaiser les enjeux. « Ne confondons pas présent et devenir » les enjoint-il. « Nous nous sommes réunis autour d’un projet concret, notre candidature au conseil municipal, sur la base d’un socle de valeurs communes et d’une juste pratique de la démocratie locale. Mais, venu d’horizons divers, du PES, du PEV, d’ailleurs, voire de nulle part, chacun aujourd’hui retrouve sa liberté d’action pour mener sa vie politique en fonction des enjeux qui l’animent, locaux ou nationaux. Nous pouvons tenter de poursuivre notre union momentanée. Mais évitons d’extrapoler sur ce que nous serons dans six ans. Ayons l’humilité de simplement envisager de nous revoir encore. Construisons un carrefour de rencontre pour échanger sur nos chemins distincts, ce sera déjà très ambitieux. » Ayant dit, Candide fut satisfait. Certains eurent encore l’incongruité d’intervenir, mais comme ils ne pouvaient que paraphraser ses doctes propos, le terme des débats arriva promptement.
Martial offrit à chacun un livre de lui. Sous cette aimable attention, sans doute évitait-il simplement la mise au pilon de ses invendus, l’ouvrage datant tout de même de 1999. Katarina offrit à chaque femme une rose. Misogynie inversée dont Candide gouta l’ironie pour lui seul. Quelques uns lui témoignèrent une affection forte et sincère, illustrant ainsi que quelques nouveaux liens s’étaient bien créés à cette occasion.

« En trois mois, j’ai découvert et apprécié quelques personnes que je n’avais pas su reconnaitre en quatorze ans d’anonyme proximité » s’étonna encore Candide en partant.

mardi 18 mars 2008

Blackout sur la commune


La presse a rendu compte comme il se doit des résultats locaux. Sans commentaires. Candide sait maintenant à quoi il doit cette vaine tentative de séduction des médias. Les langues se délient. La réalité apparait dans sa simplicité toute crue. Sa cruelle simplicité. Le grand Bornard avait très formellement ordonné à toutes ses équipes de ne jamais parler ni de Martial, ni même de Francine. Blackout sur la commune. Gestion d’un non-événement. Le seul habilité à parler à la presse, c’était lui. Et lui, jusqu’au bout, n’a jamais parlé. Il savait que toute polémique profitererait à Martial, que toute mise en avant de Francine attirerait l’attention sur ses principaux contradicteurs. Le Bornard est un professionnel de la communication entouré de professionnels de la communication. Et cet entourage a ficelé autant que de possible l’ensemble des médias. Son budget de communication a triplé en cinq ans. Les médias locaux sont ses obligés. Et les nationaux, trés prudents vis a vis d’un destin national en puissance. Et le petit Candide qui, lui, s’employait sans faillir, ligne à ligne à obtenir quelques échos par ci par là...

« J’y crois pas, ce n’est pas possible de museler la presse » se bute Candide, candide.

lundi 17 mars 2008

Têtes hautes


Hier soir donc, Candide s’est rendu à la Mairie. Bunkérisé dans le bureau de Martial, il a compilé avec lui les résultats des bureaux de votes au fur et à mesure de leur validation. Très vite, est apparue une fourchette de 28 à 32 %. Grande satisfaction. L’objectif fixé était de réaliser au moins 25%. Du coup, ce second tour contraint et mal heureux, allait permettre à cette liste d’en ressortir la tête haute ! A quelques uns ils ont rédigé la déclaration du jour. Et à 22h, Martial, suivi de tous ses colistiers et proches soutiens, a rejoint la Salle des fêtes. Ils ont à peine forcé le passage pour accéder, par la salle de contrôle des résultats, à la régie. Là, entouré de son groupe, séparé de la foule et du reste de la salle par les barrières de sécurité, Martial a pris la parole. Chaque paragraphe a été porté par les applaudissements nourris du groupe, les « Merci Martial », « Bravo Martial » scandés en rythme, couvrant, proximité du micro aidant, les sifflets et lazzi des partisans de Francine qui n’y pouvaient mais. Il y avait quelque chose de surréaliste et réjouissant dans ce coup d’état médiatique. Martial annonçant sa propre victoire, fustigeant les sectarismes et manœuvres du PES, avant leur propre prise de parole. Leur coupant l’herbe sous le pied vis à vis des habitants réunis là en masse pour saluer la victoire de la gauche dans leur commune. Il sont ressortis en meute, comme ils étaient venus, bramant « tête haute, tête haute ». Gamins ! Et les têtes basses et furibardes du staff du PES furent pour eux une grande satisfaction. Rapine faite, tous se sont rendus rue des Charmilles pour fêter ce résultat et ne surtout pas assister à l’arrivée de Francine. Discours de victoire, de congratulations, de remerciement de Martial. Mais aussi discours porté sur le futur, sur le travail à poursuivre, sur l’heureuse mobilisation à construire. Candide est vite rentré chez lui pour rédiger son communiqué de presse du jour. Et sur le chemin du retour, pédalant sous la bruine, il demeure, comme au premier jour, d’une candeur inébranlée.

« Mais comment font-ils pour ne jamais être abattus, ces animal-politiques ? » dodeline-t-il au rythme de sa course nocturne.

Retour de péche...


Il y a deux conditions pour être élu : être le plus en tête possible sur la liste présentée aux électeurs et obtennir un total de voix permettant d’avoir un nombre de sièges correspondant, à minima, à la place que l’on occupe. Cela peut se jouer à peu de chose. C’est le cas pour Naemi. Ce n’est qu’avec 229 voix d’avance qu’elle a été élue. Soit 0,2% des inscrits. Vu le travail acharné qu’elle a fait dans sa cité et alentours, on peut considérer que ses 229 voix, elle a conquis une à une. Elle-même. Belle victoire non ?

A titre de comparaison, il aurait fallu 3189 voix de plus à la liste, pour que Xander soit élu. Il aurait donc « juste » fallu que les 3/4 des 4293 votes "blancs" (chiffre rare mais normal vu qu’il n’y avait pas de liste de droite) se prononce plutôt pour Martial... Ou qu’une petite partie des 53% des trop nombreux abstentionnites se soit finalement déplacée. Reste le joker de la place vacante. Le candidat venant sur une liste immédiatement après le dernier élu est appelé à remplacer le conseiller municipal élu sur cette liste dont le siège est vacant pour quelque cause que ce soit. Il suffirait donc que d’ici six ans, l’un des six élus démissionne. Lassitude, déménagement, contrainte professionnelle, les occasions sont multiples. Bien sur, cette hypothèse ne sera jamais évoquée. Mais sûr que Xander ne peut pas ne pas y penser...

« En tout cas, la Francine, avec ses 31984 voix, elle n’a été élu que par 30% des électeurs inscrits ! » relativise Candide.

Résultat définitif : + 1 !


Trop prudent ! Candide découvre ce matin les résultats définitifs donnés pendant la nuit. Si le chiffre de 30,5 % est inchangé, le calcul officiel donne en revanche, lui, 6 conseillers et non 5 ! Naémi est donc également élue. Il faut dire que le calcul d’attribution ne se fait guère sur un coin de table...

A l’issue de ce second tour, il est tout d’abord attribué à la liste qui a obtenu le plus de voix un nombre de sièges égal à la moitié du nombre de sièges à pourvoir. Si ce nombre est impair, la moitié est arrondie à l’entier supérieur. Cette attribution opérée, les autres sièges sont ensuite répartis entre toutes les listes, y compris la liste arrivée en tête à laquelle a déjà été attribuée la moitié des sièges. Cette répartition est faite à la représentation proportionnelle suivant la règle de la plus forte moyenne (art L 262 du code électoral). Pour ce faire, il faut d’abord déterminer le quotient électoral (nombre de suffrages exprimés / nombre de siège restant à répartir). Pour chaque liste leur nombre de voix est divisé par ce quotient électoral. Le résultat arrondi à l’entier inférieur correspond au nombre de sièges attribués. Il peut rester un ou plusieurs sièges à attribuer. Puis les scores de chacune des listes sont divisés par leur nombre de sièges de la première attribution plus un. Les résultats sont comparés et le siège va à la liste au quotient le plus élevé. Les sièges sont attribués aux candidats dans l’ordre de présentation sur chaque liste. Si plusieurs listes ont la même moyenne pour l’attribution du dernier siège, celui-ci revient à la liste qui a obtenu le plus grand nombre de suffrages. En cas d’égalité de suffrage, le siège est attribué au plus âgé des candidats susceptibles d’être proclamés élus.

Et donc pour la liste de Martial cela donne ça :

Sièges à pourvoir au conseil municipal : 39 sièges
Bonus à attribuer a la première liste : 20 sièges
Reste à répartir entre les listes à la proportionnelle : 19 sièges
Suffrages exprimées
Liste 1 : 31984 voix
Liste 2 : 14034 voix
Total exprimé : 46018 voix
Première Répartition :
Quotient Électoral = 46018 voix /19 sièges a repartir = 2422
La liste 1 obtient dans la première répartition : 13 sièges
La liste 2 obtient dans la première répartition : 5 sièges
Il reste à attribuer : 1 siège
La liste 1 a comme moyenne, si elle obtient 14 sièges : 2284
La liste 2 a comme moyenne, si elle obtient 6 sièges : 2339
La liste 2 obtient donc le siège en plus, elle dispose ainsi de 6 sièges
Résultat final
La liste 1 obtient au final 33 sièges
La liste 2 obtient au final 6 sièges
« Et mon communiqué de presse qu’est parti à minuit sans cette information. Zut alors ! » maugrée Candide. « De toute façon, ils n’en ont rien à faire, il n’en feront pas une ligne ! »

dimanche 16 mars 2008

Le verdict final


30, 5 % !

C'est le verdict des urnes. Les 9022 électeurs du premier tour sont devenus 14 034 ! Les 5 élus de la liste sont Martial, Katarina, Nourdine, Isoline et Damien.
David Raminagrobis a ainsi bien résisté à Goliath Bornard. Francine peut jouer la vestale parturiente piétinant le doyen vaincu, l'allégorie n'est guère évidente. Martial a remporté son pari : obtenir plus que l'unique hochet proposé au départ. Et tous les autres ont vécu là une bien plus belle aventure que s'ils étaient restés aux seules places qui leurs étaient offertes, celles de spectateurs d'un appareil lourdement en marche. "Vous venez d'écrire une page d'histoire de la commune" leur a dit Martial.

"Ben voyons"
se marre Candide !

"Jour J, deuxième ! "


Jour J ! Bis repetita. Cette fois-ci, Candide se rend aux urnes avec sa tendre Hina. La procuration de son fils Siffrein en poche. Celui-ci étant aller chez les ch'tis. Les vrais, pas les comiques troupiers. Il a renoncé, là encore, à bloquer sa journée à présider ou assesser un bureau de vote. Sa mauvaise conscience parpaillote lui susurre que s'il manque quelques voix seulement à un franchissement de seuil, se sera forcément parce qu'il n'aura pas été présent "right place, right time" pour éviter une manipulation sournoise... Il ne giboule plus comme dimanche dernier. C'est un temps à aller voter. Humide et blanc, presque beau, comme il se doit en mars. Mais le faible taux de participation de dimanche dernier va sans doute être plus faible encore. Il constate avec satisfaction que quelques unes de ses affiches de la veille ont resistées aux "décolleurs fous". Elles étaient judicieusement placées dans les angles morts de la circulation totomobile, invisible de leurs patouilles ineptes.
Il prend les deux bulletins de vote, non par discrétion républicaine, mais juste pour le plaisir de mettre celui de Francine à la poubelle. Il salue et encourage les mêmes assesseurs que la semaine passée. Les questionne sur l'évolution du taux de participation. Evoque et partage ouvertement le dommage de cette lutte fratricide et de l'élimination absurde de toute droite au conseil. Discussion irréelle, tant elle est illégale, au-dessus de l'urne !
Il croise alors Martial et Isoline, faisant leur tournée d'inspection des bureaux de vote. Scrutant les poubelles des isoloirs pour se rassurer en y trouvant des bulletins "Francine". Il leur présente Hina.

« Damned, avec tout ça, j’ai complètement oublié l’anniversaire de mon frère cadet » se souvient brutalement Candide, « maman m’avait bien dit que j’y perdrais mon âme ! »

Et au bout du bout ? Il y a encore un bout ?


00h, Candide vient de rentrer. Parti depuis plus d’une heure. La pluie avait cessé. Un gros paquet de tracts agonisait sur le coté de son bureau. Bientôt la poubelle. Non ! Ressortir, aller les clipper sur les voitures alentours, comme autant de petites affiches, comme autant de clignotants visuels. Il est donc parti, tout seul, dans la zone. Arpentant trottoirs et rues humides, dans un sens, puis l’autre. Il a croisé ces ombres furtives qui glissent dans la nuit. Trafiquants notoires ou quidams de retour, détrousseur de passants ou promeneurs de chiens ? Il ne ressent aucun danger, comme si l’incongruité même de sa fonction de colporteur tardif de bonne parole électoral lui servait de viatique. Une dame à chien l’apostrophe : « C’est pour qui ? Martial ? Et ben ! C’est courageux, ce que vous faites ! A cette heure là ! ». La conversation s’engage, s’éternise un peu, son chien n’est pas pressé de rentrer. « Ben je vais voter pour vous parce que vous êtes un brave gars ! J’espère que Martial en prendra de la graine, hein !». Une voix de plus…
Au retour, il a observé sur le boulevard les « décolleurs » en cours d’action. Pauvres d’eux ! Le PES n’ayant plus de matériel électoral s’emploie, à défaut, à décoller toutes celles de Martial. C’est fait proprement sans bavure, pas à l’arrache, non, au couteau de peintre, sans rien laisser. C’est gentil pour les ouvriers municipaux … mais avoir comme seul acte de campagne celui de supprimer la parole de l’autre parce que l’on est soi-même devenu aphone, c’est bien là le degré zéro du militantisme. Candide rentre satisfait de lui-même. Tout simplement.

« Fait ! Et bien fait ! Comme dirait Hina !» s’affirme Candide.

samedi 15 mars 2008

Au bout du bout du bout du bout...


16h, l’ultime parcours. Candide repasse dans ses rues avoisinantes avec Xander. Il pose son seau, trempe son pinceau, enduit le mur, pose l’affiche, lisse le papier, reprend son seau, pose le seau un peu plus loin… Le tennis-elbow le guette. Xander suit avec sa chariote pleine d’affiches, et appose ses autocollants sur chaque espace disponible. Un passant l’apostrophe « vous acceptez les voix de droite ? Je vous donne la mienne ». Un autre plus loin « Il est bien du PEC, le Martial ? » Candide reste évasif. Chaque voix est bonne à prendre dans cette ultime partie.
18h, happening sur le perron de la Mairie. Devant les grandes portes. Le PES qui tractait là reflux dans un coin de la place. Les trois voitures de la campagne, couvertes d’affiches bordent l’équipe Les plus valeureux se relaient au mégaphone, Saada, Xander, Naemi, … Candide prend quelques photos souvenirs. D’autres polémiquent en vain avec quelques militants PES. Les passants viennent saluer Martial : « on vous soutient, Monsieur le Maire ! ». Cette joyeuse et bruyante équipée ressemble à un sprint final. Ce moment où l’on donne tout ce qui reste d’énergie en soi. Mais là, nulle grimace d’effort, juste la bonne conscience du devoir accompli, au bout du bout du bout.
19h, Candide a récupéré quelques poignées de tracts. Si le boîtage n’a plus de sens puisque personne ne viendra ouvrir sa boite d’ici lundi, il reste les voitures ! Après avoir invité chacun à faire de même, il rentre chez lui par mains détours pour épuiser jusqu'à son dernier tract sous les essuie-glaces disponibles. Il continue au-delà avec les quelques autocollants qui lui restent. Ce n’est que vers 20h, battu par la pluie qui lui empêche dorénavant toute action efficace, qu’il rentre chez lui. Les mollets en crampe !

« Je ressortirais peut-être avant minuit s’il cesse de pleuvoir » s’engage Candide en s’affalant dans un fauteuil.

Derniers calculs prospectifs


Combien d'élus demain, soir ? Candide a refait les comptes : Avec 16%, ils auront 3 sièges, avec 21% : 4, 26% : 5 ; avec 32% : 6 sièges, avec 37% : 7 ; avec 43% : 8 et 48% : 9 ! Au delà de 50% ils passent à 30 sièges ... mais pour cette hypothèse ils n’ont prévu ni champagne, ni gilet barre-balles ! Les 9 élus potentiels sont dans l’ordre :
1. Martial
2. Katarina
3. Nourdine
4. Isoline
5. Damien
6. Naemi
7. Xander
8. Stéphie
9. Lulu
Candide pense qu’ils devraient faire au moins 26%, donc 5. Il serait ravi de 37% parce que cela permettrait à son ami Xander de faire un bon boulot dans la commune. A savoir aussi qu’il n’est pas exclu que certains démissionnent ce qui fait automatiquement rentrer les suivants sur la liste. D’ici que Candide se retrouve au conseil parce que tout le monde se sera barré, il aurait l’air fin ! Après tout il suffit d’une demi-douzaine d’accidents fatals…

« Même étalé sur six ans, cela risque d’apparaître suspect » s’avoue Candide.

Machines zaélire


13h, rue des Charmilles, l’ultime rendez-vous hebdomadaire de la mi-journée du samedi. Tous se retrouvent pour prendre ce qui reste d’affiches, de tracts et d’autocollants. Chacun s’embrasse. Sourires modestes du travail bien accompli et de la défaite bientôt consommée. Défaite ? Martial fait son speech dont il a le secret. Il ne parle que de victoires et de succès. Succès d’une campagne de proximité, d’écoute et de partage. Succès d’un score exceptionnel eu égard aux moyens mis en face. Succès de toute une équipe, soudée, ancrée dans la commune, toute à son image. Succès de ce qui s’annonce, de ce qui va être poursuivi, construit encore, plus loin. Foi d’airain du politique qui jamais ne s’abat. On se gausse de ce qui s’annonce. On sait déjà qui sera le directeur de cabinet de Francine : un homme du grand Bornard ! Plus question que cette commune, la deuxième du département, joue les trouble-fêtes. On ironise sur le bronzage de Dimitri, détendu, visiblement pas fatigué de sa campagne dans laquelle, comme on le supputait d’emblée, il ne s’est pas investi. Sa force, c’est le tripatouillage en amont, pas le terrain. On constate que l’affichage continu à être fait par des professionnels et que le tractage du PES, hier au marché, était, une première, fait par des « volontaires » d’une autre commune. Où sont passé les militants du PES ? Où est l’enthousiasme de leur victoire annoncée ? Où sont les habitants en soutien ? Rue des Charmilles ! Paradoxe de cette campagne, le terrain fut du coté de Martial, mais la grande masse des électeurs qui dorment plus que ne vivent dans la commune ont voté «PES » sans se poser plus de questions. Candide avait toujours considéré que les partis n’étaient, hélas, plus que des machines à porter des élus. Il découvre que s’ils ne servent plus qu’à « ça », ce « ça » ne peut guère se faire en dehors eux.

« Et certainement pas contre !»
comprend mieux Candide.

Les 100 jours de Candide !


100 jours, il y aura exactement cent jours, demain dimanche, que Candide, reçu par Martial, s’est vu proposé d’être candidat sur sa liste en position éligible. Elligible ? Finalement non. Juste non-élu, battu, étrillé, ostracisé, déniaisé par l'histoire en marche. La petite. Celle qui fait beaucoup de meurtrissures mais aucune ligne dans les manuels. L'histoire des sous-fifres de la vie sociale et politique, de ceux qui se battent tous les jours pour tenter de bouger un peu les choses, à leur modestes mesures, mais aussi, ce faisant, se fourvoient pour beaucoup dans les petitesses de la vie quotidienne.
Candide qui pensait savoir beaucoup de choses a beaucoup appris. Il a appris combien étaient plus grands ceux qu'il ne pensait pas ainsi, et combien pouvaient être parfois petits ceux qu'il pensait plus grands. De fait, chacun est grand et est petit. Selon le moment. Selon l'angle d'où on le regarde. Selon la lumière du jour et l'ombre de la nuit. C'est pourquoi il faut bien se garder des apparences immédiates. Et observer en perspectives non-fuyantes. Ajouter une dimension à tout cela. Qu'elle soit quatrième ou plus encore. Une dimension plus universelle, une dimension d'âme. Et pardonner sans oublier. Pardonner parce que l'aigreur est toxique. Ne pas oublier parce que la candeur est trop fragile. Candide est-il moins fragile ? Espérons que plus fort il ne soit pas devenu plus dur. Ou préférons même qu'il conserve une grande part de sa fragilité car celle-ci demeure, quoique d'autre en pense, la meilleure protection de son ame.

« Ni dur, ni fragile, je suis juste mortel, comme tous les protagonistes de cette histoire » répond Candide !

vendredi 14 mars 2008

"Commentationnez tant que vous voulez"


Mine de rien, certains amis de Candide, les vrais de vrais cela va sans dire, sont devenus des lecteurs réguliers de son journal. Limite addicts ! Et ils s’inquiètent : « Candide va-t-il se retirer définitivement de ce monde ? ». Quoiqu’il advienne y compris la victoire de Martial dimanche prochain, Candide ne sera plus candidat : battu ou élu, son devenir est donc autre. Mais « Candide-candidat » se poursuivra néanmoins jusqu’au troisième tour, le 29 mars prochain : l’élection du maire. Pour voir ! Il assistera donc au premier conseil de cette nouvelle mandature, rendra compte de son ressentis, et....

« Il faudrait peut-être dire aux internautes qui n’ont rien compris que pour laisser des commentaires il leur suffit de cliquer sur le titre de chaque message ? Non ? » m’interpelle Candide !

Robin des Bois en cravate !


D’aucuns s’en souviennent, Candide avait relaté la réunion haut de gamme où il s’était rendu « tout nu » le 17 janvier dernier. Et bien malgré son statut d’iconoclaste, il a finalement été conviée à cette table ronde pour défendre le point de vue de ses mandants de l’économie sociale. Est-ce vraiment de bonne augure pour eux ? Candide est-il le fossoyeur des perdants ou le défenseur des causes perdues ? Est-ce son arrivée sur les champs de bataille qui génère la défaite ? Ou s’engage t-il seulement sur les enjeux que plus personne n’ose soutenir ? Candide ne serait-il pas finalement si tellement versé dans le secours des chimères que sa présence signerait plutôt le début de leur fin ? Candide préfère se voir en Robin-des-bois-des -laisser-pour-comptes. Enfant, il voulait soigner les malades, aujourd’hui, il panse les plaies des agressions politiques et économiques. Et elles ne sont pas moins mortelles.

« En tout cas aujourd'hui, j'ai mis une cravate ! Je suis blindé ! » fanfaronne Candide en se rendant aux palais de la République.