mardi 11 mars 2008

Un univers impitoyable


« C’est Dallas » comme le dit Mortimer à Candide.
Si aucun échange d’information n’a eu lieu entre les protagonistes formels de ce second tour, elles n’ont pas manqué de circuler entre les seconds couteaux. Véritables amis désolés ou tartufes patentés, chacun n’a fait que confirmer les points suivants :
1) Le grand Bornard a piqué un coup de colère dimanche soir considérant que si sa candidate n’avait pas obtenu la majorité au premier tour, c’était bien évidemment de la faute de Martial. Les bruits qui avaient couru étaient fondés : il y avait bien eu un sondage privé commandé par le PES et qui établissait que celui-ci ne ferait pas plus de 7 à 8% ! Faire le double a donc été ressenti comme un dol. Une agression personelle contre une victoire annoncée dans un fauteuil. « Il me le paiera » fulmine-t-il depuis hier, nous raporte-t-on, tout en nous faisant répondre par ailleurs qu’il ne s’occupe pas des tractations locales ! Comme il lui faut généralement 48h pour se calmer, les délais sont trop courts pour que la raison l’emporte.
2) Au sein du PES local, justement, il y aurait une divergence de vue. La Francine, se projetant raisonnablement dans le futur, plutôt favorable à la conciliation, fut-elle hypocrite et tactique. Le Dimitri, ex PDP dans sa jeunesse, ne se complaisant lui que dans les manœuvres et les règlements de compte, est partisan de poursuivre le parricide jusqu’à son terme. Mais chacun admet, alors qu'il craignait terriblement le contraire, que la campagne de Martial a été de qualité. Sans coup bas. Sans forfaiture. et avec une mobilisation et une présence sur le terrain remarquable.
3) Le PEV de son coté, affiche sa compassion. Alors que chacun sait que l’objectif du Désiré est d’obtenir le plus possible de poste éligibles sur la liste de fusion, son intérêt objectif et que, surtout, le PES ne passe pas d’accord avec Martial. Ils sauvent leur meuble. Comme le PEC, leur premier souci est de se maintenir au pouvoir. Et si pour cela, il faut manger leur programme, il est fort heuresement en papier recyclé et imprimé avec de l'encre bio !
4) Le René est en embuscade. Ravi d’avoir étrillé le parachuté du PED, il est évidemment désespéré d’avoir manqué de quelque voix la possibilité de se présenter au second tour. Il ne souhaite qu’une chose : que le PES et Martial s’entendent. En effet, si les deux listes ayant le droit de se présenter au second tour fusionnent, la troisième, même sous le seuil des 10%, à alors la possibilité de se présenter.
5) Des ambassadeurs sont envoyés auprès des partis éliminés. Le Billy du PDT est susceptible d’appeler à votre Martial. « Vote révolutionnaire » pour modérer le pouvoir en place peuvent-ils se justifier. Sur que quelques autres vont suivre parmi le PDO, le PDA, voire le PDP.
6) Pas de contacts avec le Dieudonné bien sur, dorénavant privé de tout mandat local, qui ne remettra sans doute plus les pieds de sa vie dans cette commune, mais il est fort possible que ses électeurs se portent sur Martial, furieux que le grand Bornard se soit dédaigneusement passé de tout accord avec le PEB dans le département.
7) Tous les avis conviennent que le score de 16%, dans le contexte local si particulier de cette commune et de ce département est une belle performance. Mais ce score pose pourtant problème. Plus faible il eut été facile au PES de proposer, sans alternative, un ou deux postes de consolations. Plus fort, ils n'auraient pas pu prendre le risque de la non fusion. Mais là... c'est un entre d'eux où le mutisme apparait comme la solution qui s'impose puisque c'est la seule qui n'a pas besoin de s'argumenter !

Le temps semble suspendu dans l’attente de l’échéance de 18h. Martial affiche une sérénité remarquable. En vieux brisquard de la politique il sait combien rien n’est jamais définitif. Il sait aussi encaisser les échecs comme ne pas s’euphoriser des victoires. Il sourit à la perspective d’avoir le temps d’écrire son prochain livre « Pourquoi le grand Bornard ne peut pas avoir un destin national ».

L’action locale est également suspendue. Démobilisation ? Trop tôt pour le percevoir. Le nouveau matériel de propagande ne sera disponible que demain. Il ne restera alors que quelques jours pour s’exprimer. Plus de porte à porte, juste du contact direct avec les habitants. Pour expliquer, expliquer encore !

A midi, coup de fil à Martial. Fort de l’absence total de contact, il est certain que plus rien ne peut maintenant changer.

« Je suis désolé, je ne peux pas encore t’enlever les affiches qui couvrent notre couloir, il reste une semaine de campagne » va devoir s’excuser Candide auprès de sa douce qui ne goutte guère cette décoration fusse-t-elle provisoire !

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