vendredi 28 mars 2008

La guerilla de Candide


En 74, il y a 35 ans, Candide parcouru 40 kilomètres, bravant l'hiver limousin avec sa petite moto bécane, juste pour aller acheter "La guérilla du Che" de Régis Debray, qui venait de paraître. Pourquoi celui-ci ? Candide ne s'en souvient pas, mais ce fut l'un de ses premiers livres engagés d'adolescent. Si fondateur de sa jeunesse, qu'il consacra l'essentiel de celle-ci à se former aux métiers des armes pour se préparer à la lutte révolutionnaire.
Aujourd'hui, Régis Debray joue à Candide et publie "Un candide en terre sainte". Et Candide, bien qu'ayant lu avec attention d'honorables critiques à ce sujet, n'a pas envie de le lire. Régis Debray a fait un trop grand écart. Rompu aux ores de la république et d'ailleurs, il porte en médaillon sa révolution passée et qualifie dorénavant le Che de "cruel fanatique et despotique". Evolution ou circonvolution, sa révolution à lui donne le tournis et un peu la nausée. Sa prose fut-elle intéressante, Candide ne souhaite pas monter avec lui se promener dans son manège désenchanté. Deux candides en miroir, l'un auteur, l'autre lecteur, la confusion des genres serait trop grande.
Certes le Che n'était certainement pas un Saint et son image d'Épinal de la jeunesse révolutionnaire mondiale est aujourd'hui bien édulcorée, peu s'en faut. Candide ne l'est pas. Mais Candide n'a pas fait la révolution à laquelle il s'était ardemment préparé. Il n'a rejoint ni Tsahal, ni les Fedayins quoique l'une et l'autre hypothése l'ai tenté, en deux moments bien distincts... Mais a tout prendre il préfère un snipper fumeur de cigare tirant sur les militaires boliviens, à un intellectuel fumeur de cigare tirant sur ses réves de jeunesses pour un monde meilleur.

"Le monde est plein de faux candides et de vrais tartuffes" reconnait Candide sans plus s'en émouvoir.

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